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Adhésion du Maroc à la CEDEAO : la véritable étude d’impact officiellement lancée [Document]


Rédigé le 2 Février 2018 à 14:16 | 0 commentaire(s) modifié le 2 Février 2018 - 14:21


La Commission de la CEDEAO vient de lancer un appel à propositions destiné aux groupes de réflexion et de recherches basés dans la sous-région pour la réalisation d’une étude approfondie sur les implications économiques de l’adhésion du Maroc au sein de l’organisation. Il s’agit de la première étape pour l’élaboration de l’étude d’impact que les Chefs d’Etat et de gouvernement ont demandé à la Commission afin de se prononcer définitivement sur la demande du Royaume qui a déjà obtenu l’accord de principe.


Adhésion du Maroc à la CEDEAO : la véritable étude d’impact officiellement lancée [Document]
(Ecofinance.sn Dakar) - La fameuse étude d'impact de la CEDEAO sur l'adhésion du Maroc en son sein qui a fuité en décembre dernier n'était pas vraiment la bonne. Il est vrai que les auteurs du document n'ont jamais été rendus publics bien que le texte ait « fuité » et repris par plusieurs médias, et la CEDEAO n'en a jamais fait cas officiellement. « La véritable étude d'impact reste à venir », écrivait alors La Tribune Afrique sur ses pages.

C'est aussi ce que vient de confirmer l'appel à proposition que vient de lancer, ce 1er février, la présidence de la Commission à travers son département d'analyse des politiques économiques pour la réalisation « d'une étude approfondie sur les implications économiques de la CEDEAO » de la demande d'adhésion du Maroc,, notamment en ce qui concerne le commerce et l'investissement. (Analysis of Economic Relations between Morocco and selected ECOWAS Member States: Trade and Investment)

L'appel à propositions qui est ouvert aux cabinets, centres de recherche et groupes de réflexion basés dans la l'espace communautaire devrait traiter des « questions relatives au commerce et à l'investissement » en s'appuyant sur les implications dans six pays préalablement définis. Il s'agit du Nigeria, du Ghana, de la Côte d'Ivoire, du Sénégal, du Mali et du Togo. Des pays qui, même si l'appel à proposition ne le mentionne pas, constituent les principales économies de la sous-région et où les inquiétudes des opérateurs économiques ont été les plus vives.

Selon les termes de l'appel à proposition, les candidats intéressés ont jusqu'au 2 mars 2018 pour soumissionner à travers des propositions qui ne devraient pas dépasser 15 pages et en respectant toutes les exigences en la matière notamment pour ce qui est de la présentation, la méthodologie, les hypothèses ainsi que des indicateurs et références. Le candidat qui sera sélectionné à l'issue de l'évaluation des différentes propositions va poursuivre le processus avec la Commission, ce qui conduira à l'élaboration de l'étude définitive d'impact, laquelle sera par la suite soumise à l'appréciation du comité de cinq pays mis en place lors du 52e Sommet d'Abuja de décembre dernier pour «une étude approfondie sur les implications de l'adhésion ».

Le comité composé de Chefs d'Etat et de gouvernement de cinq (5) pays notamment le Togo, la Côte d'Ivoire, le Ghana, la Guinée et le Nigeria va à son tour soumettre ses recommandations à l'une des Conférences des leaders de la Communauté au titre de l'année. C'est en effet le délai que s'est donné la CEDEAO pour se prononcer sur la demande d'adhésion du Maroc au sein de l'organisation.

Lire aussi : Adhésion du Maroc à la CEDEAO : les détails de l'étude d'impact de la « Commission »

Opportunités, craintes et défis
Dans la note de cadrage qui sert de décor contextuel à l'étude, la Commission reprend pour l'essentiel les arguments récurrents sur les « pour » et les « contre » l'adhésion du Maroc à la Communauté économique régionale (CER) ouest-africaine. « De l'avis général, cette adhésion devrait permettre au Maroc de développer davantage ses relations commerciales avec la région CEDEAO, en s'appuyant sur ses relations étroites avec l'UE et sur une base industrielle en plein croissance » relève le document qui fait cas aussi du fait que bien qu'aucun des Etats membres de la Communauté ne partage une frontière avec le Maroc, « son adhésion lui permettrait de bénéficier des avantages du libre-échange et de la libre circulation des personnes avec les autres Etats membres de la CEDEAO ».

« En intégrant le Maroc, le bloc des 15 membres deviendrait la 16ème économie mondiale avec 115 milliards de dollars supplémentaires et un PIB avoisinant les 745 milliards de dollars, devant la Turquie et juste après l'Indonésie. Avec sa position géographique et économique stratégique, le Maroc serait une plate-forme vitale pour les pays de la CEDEAO afin de sécuriser les marchés européens, américains et arabes ».

Des arguments favorables donc au Maroc qui cherche certes à renforcer les liens dans la région CEDEAO même si son principal partenaire commercial reste l'UE. « Alors que le Maroc pourrait être un bon partenaire commercial puisqu'il est aussi l'un des principaux producteurs de phosphate en Afrique, sa demande soulève quelques questions sur les motivations exactes de cette décision » note la même source qui se réfère à différents rapports s'inscrivant dans le même registre du débat ambiant sur la question.

« Le Maroc est déjà un investisseur majeur dans la région de la CEDEAO et a signé de nombreux accords de coopération économique avec les Etats membres de la communauté » relève le document qui reconnait toutefois que malgré les liens étroits entre le Maroc et les États membres de la CEDEAO, les échanges entre les deux parties restent faibles. Le volume des échanges est ainsi inférieur à 1 milliard de dollars par an, soit moins de 4% des exportations marocaines et moins de 2% de son commerce mondial.

 « Certains observateurs pensent que le Maroc pourrait chercher à tirer profit de l'économie ouest-africaine. D'autres, estiment que ce pays d'Afrique du Nord pourrait considérer son admission dans l'organisation ouest-africaine comme une opportunité pour se repositionner sur la scène continentale et on craint également que cette admission du Maroc dans la CEDEAO ne modifie les positions économiques des pays membres en profitant de l'Accord de libéralisation des échanges au sein de l'espace communautaire ».

Des craintes dont font régulièrement cas les organisations patronales des pays membres de la CEDEAO et que le Maroc compte dissiper d'ici la fin du processus de l'étude d'impact de l'organisation.

Un long processus
La CEDEAO a par ailleurs rappelé que c'est forte de son succès comme organisation régionale et modèle d'intégration et de coexistence régionale, plusieurs pays africains ont exprimé leur volonté de s'y joindre. Parmi ces derniers, des pays comme le Tchad, la Tunisie, la Mauritanie et le Maroc poursuit la note qui ajoute que certains de ces pays aient bénéficié du statut d '«observateur», le Royaume a fait un pas de plus pour déposer auprès de l'autorité des Chefs d'Etat une demande formelle d'adhésion à la CEDEAO.

Le 51ème sommet ordinaire de l'organisation qui s'est tenu en juin à Monrovia au Liberia, a donné son accord de principe à la demande du Maroc de rejoindre ce groupement régional, compte tenu des liens de coopération forts et multidimensionnels » rappelle le document. C'est donc dans ce cadre que le sommet a chargé la Commission de la CEDEAO d'examiner les implications d'une telle adhésion conformément aux dispositions du Traité révisé de l'organisation et à Abuja en décembre dernier, le 52ème Sommet a mis en place le Comité des chefs d'Etat et de gouvernement qui chapeaute le processus et à l'issue duquel le Maroc sera fixé sur son sort. A défaut d'une intégration pleine et entière à court terme, le scénario le plus plausible qui se dessine, c'est une intégration progressive dans la droite ligne de l'établissement de la Zone de libre-échange continentale (ZLEC) que l'Union africaine (UA) veut instaurer en Afrique.

La CEDEAO joue donc la prudence et pendant ce temps, la diplomatie marocaine maintient son optimisme en misant sur la dynamique de la coopération entre les deux parties, laquelle a connu une nouvelle impulsion sous Mohammed VI surtout ces dernières années.
La tribune afrique



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