Connectez-vous S'inscrire
https://www.equonet.net/
ecofinance.sn
Facebook
Twitter
Média de veille et d'alerte sur les questions de gouvernance, de transparence et de redevabilité des ressources extractives au Sénégal et en Afrique.
Veiller à l'application des obligations du secteur extractif sénégalais.



Afrique subsaharienne : l’influence des régimes de change sur les résultats macroéconomiques


Rédigé le 7 Novembre 2016 à 11:19 | 0 commentaire(s) modifié le 8 Novembre 2016 - 12:02

Massamba Ndakhté Gaye
Ndakhté M. GAYE est un journaliste d'investigation engagé dans le suivi citoyen des obligations... En savoir plus sur cet auteur

ecofinance.sn (Dakar) - Les régimes de change ont des effets qu’ils exercent sur plusieurs variables macroéconomiques dans les pays subsahariens.


Selon une étude du Fonds monétaire international (Fmi) sur les perspectives régionales Octobre 2016, le bon régime de change peut aider la politique de change à atteindre certains objectifs macroéconomiques.

Une section consacrée à ces régimes présente une analyse empirique détaillée de la manière dont le régime de change influe sur les résultats macroéconomiques, en particulier l’inflation, la croissance moyenne et la volatilité de la production dans la région.

Ainsi, sur l’inflation, les conséquences les plus importantes citées dans les travaux théoriques sur les effets du régime de change nominal concernent le comportement de variables nominales comme la hausse des prix.

D’après les modèles de crédibilité des politiques économiques, il semble que les taux de change fixes devraient être associés à une inflation moindre, car ils favorisent la discipline budgétaire (d’où une croissance moins rapide de la masse monétaire) et la confiance dans la monnaie (d’où des anticipations inflationnistes plus modérées, une demande de monnaie plus importante et, de ce fait, une inflation plus basse pour un taux de croissance monétaire donné).

Dans ces modèles, l’arrimage du taux de change constitue une sorte de pré engagement, qui permet à la banque centrale d’importer la crédibilité de la monnaie d’ancrage.

«L’inflation est toujours plus faible dans les pays subsahariens ayant un régime de taux de change fixe. Sur l’ensemble de la période analysée, le pays subsaharien moyen doté d’un régime fixe subit moins d’inflation que les pays à régime flexible ou intermédiaire, l’écart étant d’environ 5 à 6 points», note le document. «Cela signifie que l’inflation est à moitié moins élevée dans les pays à régime fixe que dans les autres», explique-t-il.

Selon le rapport, les conclusions sont à peu près les mêmes pour chaque sous-période (1980-1989,  1990-1999 et 2000-2008). «Même pendant la période de désinflation générale observée depuis la fin des années 1990, les pays subsahariens à régime fixe ont, en moyenne, continué d’afficher une inflation considérablement plus faible que leurs homologues à régime intermédiaire ou flexible», souligne-t-il.

«Les régimes de change fixes sont également associés à une inflation plus basse dans l’échantillon élargi de pays émergents et en développement : en moyenne, les pays dont le régime est fixe ont une inflation inférieure d’environ 4 points  à celle des pays à régime flexible (et de 3,5 points par rapport aux pays à régime intermédiaire)», note-t-il.

Les résultats du rapport semblent indiquer que l’arrimage du taux de change a été utile aux pays subsahariens pour atteindre et conserver un niveau relativement bas d’inflation, et cela se confirme même après une série de tests de robustesse et avec différentes spécifications.

Performance de la croissance

En termes de croissance, les constats suivants sont faits par les services du Fmi. «Avant 2000, la croissance par habitant ne divergeait guère entre les pays en fonction du régime de change choisi.

Depuis 2000 environ, les pays d’Afrique subsaharienne dotés de régimes plus flexibles affichent des taux annuels de croissance de la production par habitant supérieurs de 1 à 2 points à ceux des pays à régime fixe. Cet écart de croissance n’est pas constaté dans d’autres pays en développement
», font-ils remarquer. 

A quoi tient donc ce différentiel ? «Globalement, il semble imputable au fait que certains pays à régime fixe ont des taux de change réels moins compétitifs que les pays à régime flexible ou intermédiaire. Dans les premiers, il semble que divers facteurs structurels aient entraîné des coûts de production intérieurs et une inflation plus élevés que dans les pays des monnaies d’ancrage, même si leur inflation était inférieure à celles des pays à régime flexible ou intermédiaire», expliquent-ils.   

A des fins d’analyse et d’harmonisation avec les études publiées dans ce domaine, les services du Fmi classent les régimes de change en trois groupes : fixes, intermédiaires et flexibles.

La catégorie des régimes de change fixes comprend les arrimages fermes (pays avec un système de caisse d’émission ou pays sans monnaie officielle distincte, y compris les unions monétaires) et les régimes classiques de parité fixe vis-à-vis d’une monnaie unique.

La catégorie intermédiaire comprend les arrimages à un panier de monnaies, à l’intérieur d’une bande de fluctuation et à parité mobile et les flottements assortis d’interventions liées à une règle ou discrétionnaires (flottements dirigés).

Enfin, la catégorie flexible comprend les flottements indépendants.

Les équipes du Fmi distinguent également les classifications des régimes de jure et de régimes de facto. La classification des régimes de jure reflète ce déclarent les autorités dans le rapport annuel sur les régimes et les restrictions de change (annual report on exchange arrangements and exchange restrictions, Areaer).

La classification des régimes de facto vise au contraire à catégoriser les régimes en fonction du comportement du taux de change ou de la banque centrale, en s’appuyant sur des méthodes statistiques et sur un jugement qualitatif inspiré des analyses réalisées par les équipes-pays du Fmi et des informations obtenues auprès des banques centrales concernées.

Domination des régimes fixes

Comme dans d’autres régions, les régimes varient considérablement en Afrique subsaharienne et dans le temps. L’une des caractéristiques de la région par rapport à d’autres régions en développement est la représentation plus forte des régimes fixes. Selon les services du Fmi, près de 60 pour cent des pays subsahariens avaient ce type de régime en 2014, contre 47 pour cent parmi les autres pays émergents et en développement.

D’après eux, plus de la moitié des pays subsahariens arriment leur taux de change. «Les arrimages fermes sont prépondérants parmi les régimes fixes en raison de la zone Cfa. Les régimes classiques ont gagné un peu de terrain, en particulier dans la classification de facto. Les pays ayant opté pour la parité fixe ont le plus souvent chois l’euro comme monnaie d’ancrage, suivi du dollar Eu», soulignent-ils.   

Selon eux, les régimes fixes ont été très résilients en Afrique subsaharienne. «Plus de 99 pour cent des arrimages fermes et 87 pour cent des arrimages classiques ont été conservés d’une année sur l’autre. Les pays dont le régime se classe dans une autre catégorie sont plus susceptible de changer de groupe à terme», notent-ils.

Sur un autre plan, les régimes fixes sont aussi globalement représentés parmi les pays exportateurs de produits miniers (énergie et métaux) que parmi les autres. Selon les services du Fmi, environ 60 pour cent des exportateurs de produits de base ont une monnaie arrimée à l’euro ; c’est à peu près le même chiffre parmi les pays subsahariens non exportateurs de produits miniers.

D’après eux, tous ces pays font en revanche partie de la zone Cfa, dans laquelle l’ancrage du taux de change avait été déterminé bien avant que la plupart des pays de la zone ne se mettent à exporter des produits miniers.

Ils précisent que quelques pays extérieurs de la zone et dépendants de leurs exportations de produits de base (Angola, République démocratique du Congo) ont (de facto) arrimé leur monnaie au dollar des Etats unis, au moins jusqu’en 2014, comme la Guinée et le Zimbabwe (économie dollarisée).

Pour eux, cela peut résulter du fait que les produits de base sont facturés en dollars et que le dollar des Etats unis a le statut de monnaie internationale. 

Pour en savoir plus, contacter : ecofinancesn@gmail.com 



Actualité | EcoFinance | Finance | Technologie | Contenu local | Environnement | Contribution | Donneurs | Conseil des Ministres | Nominations | Mines-Hydrocarbures | Energies