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Allocution du DG Azevêdo à l’Organisation internationale de la francophonie


Rédigé le 4 Novembre 2015 à 20:52 | 0 commentaire(s) modifié le 5 Novembre 2015 - 17:20


Ecofinance.sn (Dakar) - Le 3 novembre, le Directeur général Roberto Azevêdo a pris la parole devant la séance plénière de l’Organisation internationale de la francophonie, à Genève. Il a parlé des préparatifs de la dixième Conférence ministérielle de l’OMC qui se tiendra à Nairobi en décembre. Il a fait une évaluation franche de la situation actuelle en présentant les difficultés rencontrées pour faire progresser les questions importantes du Programme de Doha pour le développement (PDD) ainsi que certains des résultats susceptibles d’être obtenus à Nairobi. Lire l’intégralité de sa déclaration.


Roberto Azevêdo
Roberto Azevêdo
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, 
Mesdames, Messieurs,

Je suis enchanté d’être de nouveau à vos côtés à l’Organisation internationale de la Francophonie.
Je vous remercie de votre invitation et de la possibilité qui m’est ainsi offerte de dialoguer avec vous.
Ces réunions sont, je le crois, très utiles pour édifier un partenariat robuste et renforcer notre dialogue.
Je pense que cela est très positif.

L’Organisation internationale de la Francophonie

L’Organisation internationale de la Francophonie est une instance très particulière.
Vous êtes bien sûr liés par votre langue commune mais, dans le même temps, votre organisation est caractérisée par une grande diversité. Avec 80 États et gouvernements membres, vous avez une aire d’influence géographique et culturelle sans égale.

Vous faites la démonstration qu’il est possible d’être uni dans la diversité. Et vous en faites votre force.
C’est, selon moi, une caractéristique que vous partagez avec l’OMC.

Aujourd’hui, l’OMC compte 161 Membres qui représentent 98% du commerce mondial et dont les économies sont de taille et de forme très diverses.

Nous accordons une grande importance à cette diversité.

À l’OMC, chaque organe directeur est ouvert à tous les Membres. Tous disposent d’une voix; tous ont leur place.

Nos organisations ont, en outre, des objectifs communs.

Tant l’Organisation internationale de la Francophonie que l’OMC placent le développement au cœur de leur travail.

Nous voulons améliorer la gouvernance mondiale pour offrir à tous une vie meilleure.
Mais il ne suffit pas d’offrir de nouvelles possibilités. Les gens ont besoin d’outils et de capacités pour participer durablement aux flux économiques.

C’est une chose que l’Organisation internationale de la Francophonie a parfaitement comprise — avec ses nombreux programmes et projets visant à valoriser le savoir-faire local.

Et c’est aussi un élément clé pour l’OMC.

Notre initiative Aide pour le Commerce assiste les pays à améliorer leurs capacités commerciales et à surmonter leurs problèmes d’infrastructure.

Des études ont montré qu’ un [1] dollar investi dans l’Aide pour le Commerce génère près de 8 dollars d’exportations pour les pays en développement– et 20 dollars d’exportations pour les pays les plus pauvres.

L’adoption, le mois dernier, des nouveaux Objectifs de Développement Durable met en lumière cette dimension.

Les objectifs d’éradication de la pauvreté et de la faim, de soutien au développement économique durable et de préservation des ressources épuisables — pour n’en citer que quelques‑uns — sont des éléments essentiels de notre travail.

Je pense que tout cela illustre bien ce que sont nos responsabilités communes en tant qu’organisations internationales conduites par leurs Membres.
 

Négociation

Pour atteindre ces objectifs, il sera essentiel de maintenir et de renforcer les initiatives existantes de l’OMC.

Mais bien sûr, nous devrons aussi améliorer le système commercial en négociant de nouvelles règles du commerce.

À cet égard, l’OMC a accompli quelques progrès importants ces dernières années.

Le paquet de Bali, que les Membres ont adopté en 2013, portait sur diverses questions relatives aux PMA, au développement et à l’agriculture — et comprenait le premier accord multilatéral de l’histoire de l’Organisation, à savoir l’Accord sur la facilitation des échanges.

En juillet dernier, nous avons enregistré une nouvelle avancée. Un groupe important de nos Membres a convenu d’élargir l’Accord sur les technologies de l’information — premier accord de réduction tarifaire conclu à l’OMC en 18 ans.

Ce sont là deux accords majeurs, ayant un impact économique très important.

De plus, nous avons enregistré des progrès notables en ce qui concerne l’accession de nouveaux Membres à l’Organisation: le Kazakhstan a achevé son processus d’accession en juillet — et le Libéria fera de même en décembre.

Ces derniers temps, nous avons donc obtenu quelques résultats encourageants. Et nous aurons l’occasion d’en produire d’autres dans un très proche avenir.


Naïrobi

Dans à peine plus d’un mois, nous tiendrons notre dixième Conférence ministérielle à Nairobi.

Ce sera la première fois que cette Conférence a lieu en Afrique depuis la création de l’OMC il y a 20 ans. Nous nous sentons donc clairement le devoir d’obtenir des résultats pour l’Afrique — et plus particulièrement pour les pays en développement et les pays les moins avancés.

Les Membres travaillent dur en vue de la Conférence de Nairobi, mais, là encore, il est très difficile de progresser.

Les grandes questions telles que les subventions à l’agriculture et l’accès aux marchés suscitent de nombreuses controverses.

Il y a peu de chances que la situation évolue.

Malgré tous les efforts déployés, il reste de nombreux points de divergence et des écarts importants.

Cela dit, il y a une volonté évidente d’obtenir des résultats à Nairobi, et je crois qu’un consensus se dessine un sur les résultats escomptés à Nairobi.

J’aimerais dire quelques mots sur chacun de ces résultats possibles — sans porter atteinte à  ce que nous pourrions réaliser d’autre.

Premièrement, la concurrence à l’exportation dans le secteur agricole.

Un résultat dans ce domaine serait une avancée extrêmement importante. En fait, ce serait le résultat sur l’agriculture le plus important négocié dans le cadre de l’OMC.

Et nous savons tous que cela est un dossier particulièrement important pour les pays en développement et les pays les moins avancés.

En effet, bien qu’aujourd’hui le niveau des subventions à l’exportation soit faible, rien ne garantit qu’il le reste.

Sans engagements multilatéraux, rien ne garantit que les pays ne décideront pas unilatéralement d’augmenter ces subventions, comme nous l’avons vu après 2008, avec tous les effets négatifs que cela pourrait avoir.

Nous avons une occasion historique d’obtenir les résultats que l’on attend depuis longtemps. Cependant, aucun résultat n’est garanti pour le moment. Il reste encore beaucoup à faire.

Deuxièmement, nous avons des résultats potentiels pour soutenir ledéveloppement, et en particulier les PMA.

Le traitement spécial et différencié est à cet égard un élément essentiel. Et c’est de toute évidence un aspect très important pour les pays en développement et les pays les moins avancés.

Une série de propositions ont été avancées et un processus intensif a été engagé pour les examiner.

Certaines d’entre-elles contiennent des éléments très ambitieux; il y a donc des différences réelles et très marquées.

Il est peut‑être encore possible d’obtenir des résultats sur certains éléments importants concernant le traitement spécial et différencié, mais cela nécessitera de nombreux compromis de part et d’autre.

Les questions concernant les PMA devraient faire partie intégrante du paquet de Nairobi. Il est à mon avis essentiel de donner suite aux décisions faites àBali concernant spécifiquement les PMA.

Le paquet de Bali comprenait aussi des dispositions pour améliorer l’accès aux marchés FDSC (Franchise de Droits et Sans Contingent) pour les produits des PMA, renforçant ainsi les résultats obtenus à Hong Kong en 2005. Nous devons essayer de faire des progrès concrets sur ce plan à Nairobi.

Pour faciliter l’utilisation de ces régimes préférentiels par les PMA, les Ministres avaient adopté, pour la première fois, des lignes directrices multilatérales sur lesrègles d’origine. Là aussi, des progrès sont à faire.

Bali a également ouvert la voie à la mise en œuvre de la dérogation concernant les services pour les PMA. À ce jour, 17 Membres — y compris les grands marchés — ont déjà notifié leur intention d’accorder des préférences, dans des secteurs, et pour des modes de fourniture de service, qui présentent un intérêt à l’exportation pour les PMA. J’invite les autres Membres à en faire autant dès que possible.

Les questions concernant le coton faisaient également partie de Bali

— et nous constatons un engagement important à cet égard — notamment en ce qui concerne la proposition présentée récemment par le C-4. Je pense qu’ en ce qui regarde du soutien interne, il va être difficile de faire des progrès, mais je pense que des résultats sont possibles sur le dossier coton.

Voilà donc quelques-uns des domaines les plus prometteurs pour Nairobi. Je continuerai à dialoguer avec les Membres pour obtenir un paquet crédible pour les PMA à Nairobi.

Enfin, parmi les éléments livrables à Nairobi, il pourrait y avoir des dispositions sur la transparence, couvrant des questions telles que l’antidumping et les subventions à la pêche.

C’est là selon moi un autre domaine de convergence possible, même si on voit moins clairement comment la situation va évoluer.

Certains éléments prometteurs se profilent donc pour Nairobi.

Mais pour progresser dans tous ces domaines, il faudra beaucoup travailler. Il sera en effet très difficile de parvenir à des résultats à Nairobi.

J’ai prévenu les Membres de l’OMC la semaine dernière qu’il nous restait beaucoup de chemin à faire — et très peu de temps.

Nous avons donc besoin, de toute urgence, d’un engagement sérieux sur le fond au sein des groupes de négociation.

Et les Membres doivent revoir les lignes rouges qu’ils ont fixées.

Pour parvenir à une convergence, il nous faut arriver rapidement à des niveaux de flexibilité et de pragmatisme plus élevés que ce que l’on voit actuellement.

À défaut, je crains que même les éléments que je viens de mentionner nous échappent si nous n’agissons pas immédiatement.

Enfin, je suis préoccupé par les conséquences que cela pourrait avoir sur notre travail après Nairobi.


Après Naïrobi

C’est vrai que ces résultats potentiels pourraient avoir un impact réel sur l’économie et le développement. Mais à l’évidence ils ne seraient pas suffisants pour déclarer la conclusion du Cycle de Doha.

Alors comment faire avancer les questions en suspens après Nairobi, notamment les questions majeures?

Il me semble que tous les Membres pourraient convenir de poursuivre les négociations dans l’avenir sur toutes les questions centrales du PDD.

Ces questions pourraient certainement rester à l’ordre du jour — je pense qu’il y a un consensus sur ce point.

Toutefois, il n’y a pas d’accord sur la façon dont ces négociations devraient avoir lieu: dans le cadre actuel de Doha ou dans une nouvelle architecture.

Les Membres sont en train de discuter de tout cela maintenant.

Ceci est très important parce que nous savons tous que des négociations sur de nombreuses questions commerciales ont déjà lieu en dehors de l’OMC.

Si les discussions à l’OMC sont limitées ou paralysées, cela ne signifie pas qu’il n’y a pas de discussions sur d’autres questions commerciales. Cela signifie simplement qu’elles ont lieu ailleurs — et, bien souvent, dans des formats où les voix des pays en développement ont peu de chance d’être entendues.

L’OMC doit donc s’occuper des défis actuels sans jamais perdre de vue la dimension développement.

Conclusion

Pour conclure, ce qui se passera à Nairobi aura une réelle importance — et cela aura un impact sur certaines des questions que vous traitez ici à l’Organisation internationale de la Francophonie.

Je vous ai présenté une évaluation très franche de la situation actuelle — et elle n’est pas très positive.

Mais je reste convaincu que l’OMC peut produire des résultats.

Notre bilan montre que cela est possible, en particulier quand nous sommes créatifs et innovants.

J’espère donc que nous pourrons une fois encore être à la hauteur des attentes.

Merci pour votre attention — j’attends avec intérêt notre discussion.

 

La rédaction



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