Connectez-vous S'inscrire
https://www.equonet.net/
ecofinance.sn
Facebook
Twitter
Média de veille et d'alerte sur les questions de gouvernance, de transparence et de redevabilité des ressources extractives au Sénégal et en Afrique.
Veiller à l'application des obligations du secteur extractif sénégalais.



Finances publiques : la leçon de la Bm aux ministres africains francophones des finances


Rédigé le 29 Octobre 2015 à 20:23 | 0 commentaire(s) modifié le 30 Octobre 2015 - 22:43


Ecofinance.sn (Dakar) - Samia Msadek, directeur département gouvernance de la Banque mondiale (Bm) a expliqué aux ministres africains francophones des finances pourquoi la gestion des finances publiques est-elle si importante aujourd’hui, à Dakar, au cours de l’ouverture de la conférence de haut niveau sur les réformes des finances publiques en Afrique francophone.


Finances publiques : la leçon de la Bm aux ministres africains francophones des finances
«Elle l’est tout simplement parce qu’un bon système de gestion des finances publiques est essentiel pour la mise en œuvre effective des politiques et projets de société de tout gouvernement en ce sens qu’elle permet d’assurer la discipline budgétaire, l’allocation efficiente et stratégique des ressources entre plusieurs objectifs à travers la budgétisation, l’utilisation efficiente des ressources et la délivrance des services publiques», a-t-elle déclaré.

«Au fil des années, vos gouvernements ont engagé des réformes pour renforcer la gestion des finances publiques. Vous nous avez associés tant au plan national que régional à l’élaboration des politiques de réformes ambitieuses à travers des études, de l’assistance technique et des appuis financiers mobilisés à ce jour à hauteur de plus de 2,1 milliard USD pour soutenir la mise en œuvre des reformes de finances publiques dans les pays francophones ici présents», a-t-elle poursuivi.

«Si nous reconnaissons que beaucoup a été accompli, nous devons également admettre que beaucoup reste à faire», a-t-elle ajouté.  Et Samia Msadek de s’interroger sur le difficile parcours qui reste à parcourir avant d’y apporter sa réponse.

«Mais alors, pourquoi le chemin reste encore si difficile pour réussir ensemble ? Premièrement, il est établi que la forte croissance économique dont a bénéficié l’Afrique pendant les deux dernières décennies tend à s’essouffler de plus en plus. Le ralentissement de la croissance économique couplé avec une conjoncture difficile au plan mondial conduit un certain nombre de pays à faire face à des déficits budgétaires préoccupants au regard de la gestion des finances publiques, plus particulièrement le niveau de l’endettement, la détérioration de la balance de paiement et la dépréciation des monnaies nationales.

«Deuxièmement, le rapport du panel de haut niveau présidé par le président Thabo Mbeki commis par l’Union africaine révèle que les Etats africains perdent $50 milliards chaque année du fait des flux financiers illicites orchestrés en grande partie par des pratiques d’évasion fiscale reposant entre autres sur des mécanismes de manipulation des prix, sous-facturation, et transfert de bénéfices. Ces manque-à-gagner obèrent d’autant la situation budgétaire des Etats qui s’en trouvent ainsi privés de ressources indispensables au financement des services de base des populations.

«Enfin les rapports des Cours des Comptes de nombre de pays révèlent chaque année des niveaux substantiels d’hémorragie financière liée entre autres à l’utilisation abusive du patrimoine de l’Etat, la représentation incomplète de la situation financière de l’Etat, la corruption et les dépenses irrégulières qui échappent aux règles et normes de passation de marché, de contrôles internes, tenue de comptabilité matière. Ces défis ont également cour dans la gestion des ressources humaines du secteur public dans nombre de pays où les sondages disponibles rapportent une faible productivité résultant en particulier d’un taux élevé d’absentéisme des enseignants dans les écoles et du personnel soignant dans les centres de santé», a-t-elle expliqué.

Les conséquences sanitaires et économiques

Finances publiques : la leçon de la Bm aux ministres africains francophones des finances
Selon Samia Msadek, c’est malheureusement ces faiblesses structurelles dans la délivrance de services publiques que l’épidémie à virus Ebola est mis en exergue dans les systèmes de santé de la Guinée, la Sierra Leone et le Liberia où la quote-part de dépenses consacrées à la santé par tête d’habitant reste parmi les plus faibles au monde.

«Outre les pertes de vie humaine que nous déplorons, l’impact économique de la crise a été plus que dévastateur pour ces trois pays. Apres la croissance économique relativement nulle en 2014 observée dans ces trois pays, et la désaffection ambiante des investisseurs, nos experts prévoient une croissance économique modéré en 2015 avec quelques contractions en Guinée et au Sierra Leone et une croissance bien en deçà de la moitié des prévisions avant la crise au Liberia», a-t-elle souligné.

Réformer les politiques et les institutions

Finances publiques : la leçon de la Bm aux ministres africains francophones des finances
Et Samia Msadek de s’interroger à nouveau avant d’apporter des réponses à sa propre question. «Dans un tel contexte, que pouvons-nous faire pour accélérer le renforcement de la gestion des finances publiques qui profitent à tous les citoyens ?», s’est-elle demandée.

«Dans un premier temps, il importe de mettre en œuvre les réformes qui renforcent les politiques et les institutions des pays francophones en modernisant prioritairement les administrations financières notamment les services des douanes, les Impôts, et le trésor public– puis en améliorant les textes réglementaires et législatifs en matière de mobilisation des recettes», a-t-elle indiqué.

A cet effet, elle s’est fait le plaisir d’informer aux participants de la rencontre l’initiative conjointe que la Banque mondiale et le Fond monétaire international (Fmi) viennent de lancer pour renforcer les systèmes fiscaux des pays à faible revenu, de manière à augmenter substantiellement leurs recettes fiscales. Selon elle, ces actions constituent les premières étapes essentielles pour accroître les ressources indispensables à l’atteinte des Objectifs de Développement Durables.

«Dans un second temps, il est urgent d’adopter une feuille de route pour accélérer la mise en œuvre des directives ambitieuses de réformes de finances publiques y compris le passage du budget de moyens au budget-programme qui articule clairement des intrants et des résultats attendus.

«A cet effet, lier l’offre de la transparence à la demande de bonne gouvernance en responsabilisant le public et les organisations de la société civile à travers les mécanismes de la responsabilité sociale s’avère plus nécessaire. Les gouvernements devront produire et mettre régulièrement à la disposition des citoyens des informations sur le budget, l’exécution des dépenses et la délivrance des services, le processus budgétaire, les résultats des audits et toute chose qui contribue au budget-citoyen», a-t-elle préconisé.

A cet effet, elle a saisi cette tribune pour féliciter l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires (Ohada) pour la conduite des ambitieuses réformes destinées à renforcer les capacités des professions comptables des 17 pays membres.

Enfin, elle a exhorté les décideurs politiques à continuer à investir massivement dans le capital humain en renforçant la capacité des fonctionnaires en poste et en formant également la jeunesse. En particulier, elle en appelle à la profession comptable des pays francophones pour qu’elle prenne sa part de responsabilité dans la formation des professionnels financiers et comptables tant en qualité et qu’en nombre suffisant pour répondre aux besoins du secteur public et de l’économie.

D’après le directeur du département gouvernance de la Banque mondiale, ces reformes devront faciliter l’accès à la profession en privilégiant les jeunes femmes qui sont présentement moins bien représentées dans la profession comptable, et faire en sorte que ce ne soit plus uniquement les professionnels exerçant exclusivement à titre libéral qui soient reconnus par les lois instituant les ordres des experts comptables dans les pays francophones.

Samia Msadek a terminé son propos en rappelant que l’heure est aujourd’hui à l’action dans le cadre de partenariats forts. Dans ce sens, elle invite les participants au cours de cette conférence à partager leurs expériences et formuler des propositions innovatrices qui renforcent l’efficacité de la gestion des finances publiques dans les pays d’Afrique francophone pour le bien-être des populations. Elle a invité particulièrement la profession comptable à remplir son mandat d’intérêt public en accompagnant les Etats dans la mise en œuvre harmonieuse des réformes comptables et budgétaires.
 
Papa Souleymane SECK



Actualité | EcoFinance | Finance | Technologie | Contenu local | Environnement | Contribution | Donneurs | Conseil des Ministres | Nominations | Mines-Hydrocarbures | Energies