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Finances publiques : le Congo en sursis après la mission du FMI


Rédigé le 22 Décembre 2017 à 11:36 | 0 commentaire(s) modifié le 22 Décembre 2017 - 12:04


La mission du FMI a fini ses discussions avec les autorités congolaises sur l’appui au programme économique et financier que sollicite le pays confronté à une conjoncture des plus difficiles. Alors que sa décision était très attendue, le fonds a annoncé poursuivre les discussions et surtout la mise en œuvre immédiate de certaines mesures structurelles pour envisager un accord financier au bénéficie du pays. Un cours instant de répit pour le Congo pour qui certains analystes présageaient le pire des scénario en raison notamment de l’ampleur de la difficile conjoncture que le pays traverse.



C'est plus qu'un cours instant de répit mais un véritable sursis que vient de donner le FMI aux autorités congolaises. Ces dernières peuvent en effet pousser un véritable ouf de soulagement à l'issue de la mission envoyée à Brazzaville, du 5 au 20 décembre,  pour discuter sur le programme économique et financier du pays avec en ligne de mire, une éventuelle assistance financière de l'institution de Bretton Woods. Sans pour autant donner son feu vert, l'équipe du FMI n'a pas aussi fermé la porte des négociations. Au contraire, Abdoul Aziz Wane, le chef de la mission du FMI a même tenu à saluer certains progrès réalisés par le pays et que les négociations vont se poursuivre entre les deux parties.

« Les autorités et la mission ont fait des progrès dans la formulation de politiques macroéconomiques et structurelles à moyen terme qui pourraient être soutenues par le FMI. La mission accueille favorablement le projet de budget pour l'exercice 2018, qui contribuera à rétablir la viabilité budgétaire et la stabilité extérieure régionale, tout en augmentant le soutien aux groupes vulnérables, dont les femmes. La mission a également pris note des mesures envisagées par les autorités pour restaurer la viabilité de la dette à moyen terme. Elle a encouragé les autorités à finaliser le recrutement de conseillers juridiques et financiers à cet effet ».
Examen de passage
Le FMI laisse donc la porte entre-ouverte car comme le diable se cache dans les détails, la poursuite des discussions avec le FMI et l'espoir d'un probable accord qu'il fait miroiter aux autorités ne reposent que sur la base de l'engagement du gouvernement à mettre en œuvre des réformes structurelles pour assainir sa situation économique. En somme le Congo va devoir passer un examen de passage et c'est à l'issue de cette mise à l'épreuve qui sera jaugée par les mesures concrètes mises en œuvre, que le fonds se prononcera définitivement. En la matière, la liste des réformes urgentes et prioritaires relèvent et presque du parcours du combattant pour le pays qui n'a pourtant pas d'autres alternatives pour sortir de la crise.

 « Les autorités devront faire des réformes fortes et immédiates en matière de gouvernance pour ancrer les attentes d'un changement positif dans la gestion des ressources publiques. (...). Ces réformes devraient inclure la mise en place d'un ensemble d'organes indépendants de lutte contre la corruption, la déclaration d'actifs pour les hauts fonctionnaires, la mise en place et le renforcement de mécanismes de contrôle de certaines structures publiques, notamment les sociétés pétrolières publiques et les grands projets d'investissement ».

Les réformes qu'attend le fonds sont donc claires et font d'ailleurs l'affaire de l'opposition et de la société civile qui trouve à travers cette liste la confirmation de l'ampleur de la corruption et de la mauvaise gouvernance qui plombe l'économie du pays. Certes, l'équipe du FMI a salué l'intention du gouvernement d'approuver début 2018 une étude sur la gouvernance qui guidera les futures réformes mais il s'agit-là encore d'un engagement qui reste à être confirmé par les faits.

Sous étroite surveillance
En attendant les réformes attendues par le FMI, le Congo est mis sous étroite surveillance. « L'équipe du FMI continuera à travailler avec les autorités au cours des prochaines semaines dans plusieurs domaines, notamment sur le rétablissement de la viabilité de la dette, le renforcement de la gouvernance et le financement adéquat du programme » ont précisé dans un communiqué, les services du fonds à l'issue de la mission. C'est une fois ce travail achevé, « qu'un arrangement financier visant à soutenir le programme économique du Congo sera discuté au niveau du personnel du FMI avant d'être proposé à l'examen du Conseil d'administration » a annoncé la même source.
Au cours de son séjour, la mission a rencontré le premier ministre Clément Mouamba, le ministre des Finances Calixte Nganongo, ainsi que d'autres hauts fonctionnaires en charge des questions économiques et de la politique financière du pays. Elle a en outre échangé avec les représentants de la communauté diplomatique, du secteur privé, de la société civile et des partenaires du développement. L'occasion de passer en revue l'économie du Congo qui « continue de subir les contrecoups de la baisse des prix du pétrole, d'une dette insoutenable et des faiblesses dans la gouvernance ».

Selon le FMI, une récession plus profonde de l'économie non pétrolière en 2017, avec une baisse de 9,2%, « nuit aux segments les plus vulnérables de la population ». Certes, l'ajustement budgétaire soutenu entrepris depuis 2015 a permis de réduire certains déséquilibres économiques, « mais ces derniers restent toutefois importants du fait que les marges budgétaires du gouvernement sont presque épuisées ». Par ailleurs, les services du Fonds ont noté que « l'accumulation d'arriérés de l'État met en péril l'activité du secteur privé, contribuant aux pénuries de liquidités bancaires et compromettant la provision des services sociaux ». De même, « la faiblesse des organismes de lutte contre la corruption et des statistiques limite la mise en œuvre des lois et règlements, et augmentent les vulnérabilités économiques » a poursuivi le communiqué du fonds.

Autant de défis que le pays doit relever pour espérer une assistance financière du FMI en contrepartie d'autres réformes à mettre en œuvre. A bien des égards, le fonds n'entend point s'engager sur un programme et des espèces sonnantes et trébuchantes sans au préalable un assainissement de la situation économique et financière, ce qui constitue le principal challenge du moment pour les autorités. En attendant, le pays de Denis Sassou Nguesso peut se targuer de l'avoir échappée belle. Au gouvernement de s'atteler à la tache car sans le soutien du FMI, le pays qui a un temps frôlé la cessation du payement ne pourrait sortir de l'auberge alors que les autres pays de la zone CEMAC sont déjà bien engagés avec le fonds avec déjà quelques résultats positifs pour certains d'entre eux.

 



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