Le Partenariat Public Privé(PPP), le cas de l'Aéroport Blaise Diagne : un risque majeur sur le Pse: analyses et suggestions


Rédigé le 30 Octobre 2015 à 11:23 | 0 commentaire(s) modifié le 30 Novembre 2015 23:54


Contribution

Ecofinance.sn (Dakar) - Ancien Directeur général de l'Agence sénégalaise d'électrification rurale (Aser), Modibo Diop, attire l'attention des autorités politiques sur le risque qu'il y a sur le partenariat public-privé avec de l'aéroport internationale Blaise Diagne. Lisez plutôt sa contribution sur ce sujet.


●Historique et Problématique du PPP:

Modibo Diop, ancien Dg de l'Aser.
L'idée du Partenariat public-privé (PPP) fut  mise  en  oeuvre en  grandes pompes dans les  années 1990 par les Partenariats Techniques et Financiers (PTF) pour  booster les politiques africaines  en infrastructures,

Ceci après  deux  décennies d'ajustements structurels imposés  par  ces  mêmes PTF. Ce mode de  financement est  généralement basé sur  un  endettement  de nos États à long ou moyen terme en concert  avec  des  opérateurs privés spécialisés  dénommés concessionnaires.

Depuis lors, toutes les  politiques publiques  en  Afrique sont  basées sur  ce  concept. il  faut  parcourir le  continent pour  s'en  rendre compte.

Les conclusions du  rapport du  Fonds Monétaire International (FMI) sur  l'évaluation  des PPP ont commencé à mettre un  bémol sur cette tendance.

●Échecs de PPP en France, au Canada, et au Congo:

Même si le PPP  a connu des succès  dans  le  Monde, il  faut aussi analyser les  échecs cuisants intervenus  dans  certains pays.. En France, le  Président Hollande ne  disait il  pas que  le "PPP est  devenu un outil qui  favorise la  vie à crédit et le  surendettement ". Ceci suite  au  désastre du  PPP de  l'aéroport de  Notre  Dame des  Landes et  aussi  suite  à  l'échec du  PPP du Mega-hôpital du  Sud Francilien.

Au  Canada, le PPP de  l'hôpital Anglophone a  été un  désastre financier  et  social ,de  même que  le  PPP de la  réhabilitation du Lac Kivu au Congo.

Ces échecs sont  suivis pour  la  plupart du temps par  de  très fortes indemnisations des  concessionnaires suite à des procès fleuve et  pendant ce temps l'infrastructure est à l'arrêt.

Les études du  FMI ont conclu que le PPP est  nuisible a la  flexibilité budgétaire et présente en même temps des risques budgétaires importants pour les  États contractants.

●Le PPP de l'aéroport Blaise Diagne :un cas pratique d'école

Aéroport international Blaise Diagne.
Pour nos  gouvernants, les PTF ainsi  que  pour  les  spécialistes en  infrastructures publiques, ce  projet reste  un  cas pratique d'école à analyser sous les angles suivants:

           1)Le montage du  projet au  départ réalisé par la première alternance
           2)La nouvelle géographie de l'actionnariat imposée par la  deuxième alternance,
           3)La suite du  projet à  envisager suite au  retrait des acteurs privés
 
Il est évident que  la  mise en  oeuvre  du projet à l'origine laisse à  désirer. il y a eu un manque  d'expérience manifeste dans son  montage financier, dans l'évaluation  du  budget, dans l'attribution de la  concession et des  travaux aux privés.

Aujourd'hui, une  nouvelle géographie de l'actionnariat de la société de  projet  ainsi qu'une nouvelle approche du  règlement des travaux risquent de  faire partir les  privés impliqués au  départ dans la  mise en  oeuvre car  Il faut noter que ce  projet est passé entre  deux  régimes politiques.

Le retrait des  privés générera inévitablement des  indemnisations. Ce type de  contrat  est  le  plus  souvent soumis  à  l'arbitrage de la justice internationale. Beaucoup de ces contentieux  finissent  par la négociation d'une indemnité comme "ticket de sortie"  des  privés (cas du  PPP Ecotaxe en France réalisé par Ecomouv ), mais  pendant ce  temps l'infrastructure est  à l'arrêt.

Si  l'Aéroport Blaise Diagne devrait suivre  ce  scénario, l'impact négatif sur  le  Pse ne serait plus à démontrer.

●Suggestions sur les PPP et le PSE:

Le PSE, qui a  une forte connotation PPP, devrait  être  rééquilibré en tenant compte du cas Blaise  Diagne, nos  PTF n'y verraient aucun inconvénient car  partageant avec le  gouvernement le  "revers" d'AIBD. 

La mise en oeuvre de projet PPP nécessite de la formation et en même temps  beaucoup d'expériences.

Les problèmes  relevés dans le projet Blaise Diagne aideront sûrement nos gouvernants à  mieux asseoir une nouvelle approche du financement  et de la mise en oeuvre du PSE.

Il existe au niveau du secteur énergétique, (qui concentre près de la moitié des projets PPP du Sénégal ), un retour d'expérience  à faire valoir. Par exemple le PPP de la centrale GTI à servi à mieux négocier les PPP de KOUNOUNE, KAONE  et autres..

Dans l'électrification rurale, j'ai eu l'avantage  d'avoir mis en oeuvre le premier  PPP africain en milieu rural pour près  de cinq cent villages dans les zones de Saint-Louis, Dagana et Podor sur financement de la Banque  Mondiale.

De mon humble  avis, je crois que notre pays est aujourd'hui champion en performances  budgétaires, et il  est en mesure de réduire le nombre de PPP dans le PSE en investissant directement sur  certains projets.

En conclusion, suite au" revers " du PPP d'AIBD, le Président de La République  devra " pendre le taureau par les cornes ", en prenant en charge  l'investissement résiduel tout  en confiant l'exploitation de l'ouvrage  fini au Aéroports  du Sénégal  (ADS).-

Auteur : Modibo Diop , ING, Polytechnicien,Ancien Auditeur du Ceds de Paris, Expert-Consultant International en Energie,Eau,Infrastructures.Ancien Directeur Général de  L'ASER ,Ancien Conseiller Financier du Directeur Général de la  Senelec. (Ministere Energie Sénégal.
 
Modibo Diop


Dans la même rubrique :