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Les dégâts économiques des conflits armés en Afrique subsaharienne


Rédigé le 30 Avril 2019 à 18:37 | 0 commentaire(s) modifié le 2 Mai 2019 - 12:48

Massamba Ndakhté Gaye
Ndakhté M. GAYE est un journaliste d'investigation engagé dans le suivi citoyen des obligations... En savoir plus sur cet auteur

(Equonet-Dakar) – Les conséquences économiques des conflits en Afrique subsaharienne sont importantes et persistantes. Elles affectent sur la croissance et les finances publiques.


C’est ce que montrent les résultats présentés dans le chapitre consacré aux conséquences économiques des conflits du rapport du FMI sur les ‘’Perspectives régionales en Afrique subsaharienne’’ présenté aujourd’hui à Dakar par Papa Ndiaye, chef de division des études régionales au département Afrique du FMI, sous la présidence du ministre des Finances et du Budget, Abdoulaye Daouda Diallo.
 
«En moyenne, les pays en situation de conflit enregistrent une perte de croissance annuelle de 3 points de pourcentage par an, dont les effets cumulés sur le produit intérieur brut (PIB) par habitant s’accroissent au fil du temps», souligne-t-il. M. Ndiaye soutient que cet impact se produit essentiellement lors de conflits d’intensité élevée (conflits entraînant au moins 5 décès par million de personnes).
 
«Quel que soit leur degré d’intensité, cependant, les conflits qui touchent de grands centres économiques et commerciaux ont une incidence plus forte sur la croissance macroéconomique que ceux qui se produisent dans les zones périphériques. Les conséquences des conflits semblent également dépendre de certaines caractéristiques macroéconomiques : des institutions solides et de bons paramètres budgétaires fondamentaux pourraient en limiter l’ampleur», notent les rédacteurs de ce chapitre.
 
Selon eux, la diminution de l’investissement, des échanges et de la productivité, ainsi que de la destruction du capital physique et humain (notamment sous l’effet des déplacements forcés et de la dégradation de l’éducation et des soins de santé) sont les principaux facteurs de ralentissement de la croissance imputables aux conflits.
 
«Ensemble, ces facteurs entraînent une baisse durable de la capacité de production de l’économie : d’après une analyse contrefactuelle, un pays en situation de conflit voit son PIB réel amputé de 15 à 20 pour cent au bout de cinq ans par rapport au PIB réel qu’il aurait obtenu en l’absence de conflit…», font-ils remarquer.
 
Mais les conséquences ne se limitent pas à la croissance. Selon eux, les finances publiques ont leur part des dégâts parce qu’elles se dégradent fortement après un conflit. «Les recettes fiscales réelles chutent en moyenne de plus de 10 pour cent en cas de conflits d’intensité élevée qu’en l’absence de conflit», expliquent-ils.
 
«Ces résultats ne permettent pas d’affirmer que les conflits ont un effet statistiquement important sur les dépenses publiques totales, mais montrent qu’en général, la composition des dépenses se modifie : les dépenses de capital diminuent au profit des dépenses militaires. En conséquence, le solde budgétaire se détériore et la dette publique augmente nettement durant un conflit», notent-ils.
 
L’analyse des auteurs de ce chapitre met en évidence les coûts élevés supportés par les pays en conflit et les redoutables défis auxquels ils font face, et souligne ainsi la nécessité de les éviter, notamment en favorisant la cohésion sociale et un développement économique qui profite à tous.
 
A cet égard, ils recommandent aux pays en conflit d’appliquer des mesures visant en priorité à limiter les pertes de capital physique et humain en préservant les dépenses sociales et de développement, et en tentant de préserver le bon fonctionnement des institutions, de façon à atténuer les conséquences économiques délétères des conflits sur le long terme.  
 
Il est vrai que la mise en œuvre de telles mesures peut être particulièrement difficile au vu des pressions budgétaires, mais pour les auteurs de ce chapitre, une aide humanitaire coordonnée et bien ciblée et une assistance financière concessionnelle pourraient apporter des ressources bienvenues et créer une marge de manœuvre pour répondre aux ravages causés par les conflits.
 
Par ailleurs, ils soulignent qu’une telle assistance pourrait aussi jouer un rôle essentiel dans les pays souffrant des répercussions des conflits et permettre de protéger les populations déplacées et d’alléger les pressions économiques et sociales qui pèsent souvent sur les pays d’accueil.  



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