Notation financière Afrique : la voie à suivre pour obtenir la transparence des données économiques et financières


Rédigé le 20 Octobre 2020 à 15:08 commentaire(s) modifié le 21 Octobre 2020 13:31

Ndakhté M. GAYE est un journaliste d'investigation engagé dans le suivi citoyen des obligations… En savoir plus sur cet auteur

(Equonet-Dakar) - Misheck Mutize, expert principal consultant auprès de l'Union africaine - Mécanisme africain d'évaluation par les pairs (MAEP) pour soutenir les pays dans leurs engagements avec les agences internationales de notation de crédit indique la voie à suivre pour obtenir la transparence des données.


De l’avis de M. Mutize, les gouvernements africains doivent investir davantage dans la collecte et le partage de données précises, qu'ils doivent communiquer aux investisseurs et aux agences de notation.

Pour lui,  un bon point de départ serait les normes de données  établies par le Fonds monétaire international. «Ceux-ci visent à améliorer la transparence, l'ouverture et la crédibilité des données. Ils guident les pays dans la manière dont ils doivent présenter leurs données économiques et financières. L'abonnement à la norme est volontaire. Tous les pays africains sauf trois - la Somalie, le Soudan du Sud et l'Érythrée - souscrivent à la plateforme de fourniture de données  . Mais la plupart ne fournissent toujours pas de données en temps opportun», fait-il savoir.

Il trouve aussi important que les gouvernements africains engagent régulièrement les agences de notation. «Ceci est encore plus important en période de crise afin que les agences de notation puissent être mieux informées de la manière dont les gouvernements réagissent», souligne-t-il. 

«Les personnes clés du gouvernement devraient également parler d'une seule voix lorsqu'ils communiquent avec le public investisseur. Ils doivent s'efforcer de répondre régulièrement à toutes les préoccupations soulevées», suggère-t-il.

Ce qui manque

Selon l’expert principal consultant,  un certain nombre de décisions négatives auraient pu être évitées grâce à davantage de transparence et de communication entre les gouvernements et les agences de notation.

«Des réunions régulières sont essentielles. Les agences de notation ont généralement des réunions avec des représentants du gouvernement, des banques centrales et des représentants du secteur privé avant une décision de notation. L'épidémie de COVID-19 les a interrompus», souligne-t-il.

Il soulève aussi la question de la capacité des gouvernements. «Il y a eu des cas où des représentants du gouvernement et d'autres parties prenantes rencontrant des représentants d'agences de notation n'étaient pas  à la hauteur de la tâche. Les gouvernements doivent veiller à ce que leurs équipes puissent fournir aux agences de notation des informations précises et expliquer les incohérences dans les données et les orientations politiques que les agences de notation retiennent», avance-t-il.

Selon M. Mutize, deux pays africains se distinguent pour avoir pu démontrer la solidité de leurs décisions de politique économique lors du COVID-19.

Il cite ainsi le Botswana, seul pays africain noté A, qui a conservé  sa note de Moody's. D’après lui,  le gouvernement a fait valoir auprès des agences de notation des arguments solides concernant sa stratégie budgétaire, sa force institutionnelle et sa politique prudente.

L’autre exemple cité est l’Egypte qui a conservé son B-note. Selon M. Mutize, il a ouvert plusieurs plates-formes pour diffuser des données sur ses améliorations en matière de gouvernance et d'efficacité des politiques. «C'est le seul pays africain à avoir émis des obligations souveraines après le déclenchement de la pandémie» Selon M. Mutize, a-t-il affirmé. 

L'émission d'Eurobond de 5 milliards de dollars américains a été évaluée à des rendements substantiellement justes et a été sursouscrite cinq fois, selon Misheck Mutize.
 
 
 


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