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RD Congo : la Gécamines veut céder la moitié du gisement de Deziwa au chinois CNMC


Rédigé le 20 Juin 2016 à 13:43 | 0 commentaire(s) modifié le 21 Juin 2016 - 11:57


La Gécamines, compagnie minière nationale de la République démocratique du Congo (RDC), planche sur la cession de 49 % du gisement de cuivre de Deziwa au groupe China Nonferrous Mettal Mining (CNMC). Dans le cadre de cette co-entreprise, deux usines de transformation de cuivre devraient être créées.


RD Congo : la Gécamines veut céder la moitié du gisement de Deziwa au chinois CNMC

Le voile se lève peu à peu sur l’accord-cadre de coopération stratégique entre la Gécamines et le groupe China Nonferrous Mettal Mining annoncé en juillet 2015.

Au cours des dernières semaines, les responsables de la compagnie nationale minière ont exposé plusieurs contours de ce partenariat.

Présentant, le 8 juin dernier, la « stratégie de modernisation » 2016-2020 de la Gécamines, Albert Yuma Mulimbi, président de la compagnie nationale a évoqué le projet de création d’une co-entreprise avec China Nonferrous Mettal Mining (CNMC) pour l’exploitation du gisement de cuivre de Deziwa, près de Kolwezi, dans le sud-est de la RDC.

La Gécamines avait racheté en 2013 la totalité des parts de la Société minière de Deziwa et Ecaille C (Somidec), une co-entreprise qu’elle avait créée avec Platmin Congo, filiale du britannique Copperbelt Minerals, et dont elle détenait alors 32% des parts, dans une transaction estimée à près de 200 millions de dollars.

Le gisement de Deziwa, avec des réserves estimées à 5 millions de tonnes de cuivre, est l’un des permis les plus attractifs détenus par la Gécamines qui l’avait arraché de haute lutte, contestant un projet de cession de Platmin à un consortium chinois composé de Zijin Mining Group Co. Ltd , China Africa Development Fund (CADF) et Golden Champion Mining (BVI) Limited [PDF – p. 3].

À LIRE AUSSI :Portrait : Albert Yuma Mulimbi, l’hyperactif
Financement des infrastructures par le partenaire chinois

Selon des propos du dirigeant congolais rapportés par l’agence Reuters, la Gécamines compte désormais céder 49 % du gisement minier de Deziwa à China Nonferrous Mettal Mining.

Le groupe chinois se chargerait de la construction de deux usines de transformation qui permettront de porter la production de cuivre raffiné de la Gécamines de 15 000 tonnes à 100 000 tonnes. La première usine devrait voir le jour près de Kambove, à 130 kilomètres de la capital régionale Lubumbashi, et disposer d’une capacité de raffinage de 35 000 tonnes par an. La deuxième usine serait installée sur le site minier de Deziwa, avec une capacité de 80 000 tonnes par an.

Selon les responsables de la Gécamines, le projet de co-entreprise avec CNMC préfigure les « nouveaux types de partenariat » qu’entend conclure la compagnie congolaise afin d’accroître sa production : l’ouverture du capital des projets miniers détenus par la Gécamines, qui reste actionnaire majoritaire, avec un partenaire international chargé d’assurer les besoins de financement initiaux. Selon Jean Dominique Takis, responsable de la stratégie de la Gécamines cité par le site américain Bloomberg, le financement apporté par CNMC sera remboursé à travers un accord d’achat de la production de cuivre de ces sites. Le partenariat prévoit également qu’au terme de cet accord pluriannuel, la Gécamines devienne propriétaire des usines construites.

Aucun accord définitif n’a été signé pour le moment avec China Nonferrous Mettal Mining.

Un nouveau programme de modernisation

Pour les responsables de la Gécamines, cette initiative entre dans le cadre d’un programme ambitieux de modernisation, qui verra la compagnie investir jusqu’à 717 millions de dollars, sans trop alourdir sa dette, qui atteint 1,6 milliard de dollars. Selon Albert Yuma Mulimbi, seulement un tiers du plan d’investissement 2016-2020, sera financé par l’emprunt bancaire, soit 195 millions de dollars, rapporte Reuters.

Dans le cadre de son nouveau plan quinquennal, la Gécamines prévoit également le départ de 2 250 salariés (sur un total de 12 000), dans le cadre de départs à la retraite ou de retraites anticipées, pour un coût total de 115 millions de dollars. Ces départs devraient « sensiblement réduire les coûts de l’entreprise », a indiqué Albert Yuma Mulimbi, cité par Reuters.

Un plan trop ambitieux ?

Il est important de noter que les projets annoncés par la Gécamines interviennent dans un contexte difficile pour les entreprises minières, durement affectées par le recul des cours des minerais. À 4 524 dollars la tonne, le cours du cuivre est en recul de plus de -20 % sur un an et de -35 % sur deux ans.

Aussi, les sources de financement de la Gécamines n’ont pas été clarifiées et les partenaires financiers pourraient être hésitants à soutenir ces projets au vu de l’endettement de la compagnie minière. Alors qu’elle avait chuté en trois ans de 1,5 milliard de dollars à 1 milliard de dollars en 2013, sa dette a rebondi depuis au-dessus du niveau de 2010.

Enfin, ce n’est pas la première fois depuis le début de la décennie que la Gécamines annonce un ambitieux programme industriel.

Son plan stratégique 2012-2016 [PDF] prévoyait une production de 100 000 tonnes de cuivre en 2015. Elle atteint à peine 19 000 tonnes. Le plan annonçait déjà un budget de 160 millions de dollars pour financer le départ à la retraite de 5 000 salariés de la Gécamines. Il n’a pas été exécuté.

En 2013, la Gécamines avait annoncé le projet de construction d’une usine de cuivre d’une capacité de 200 000 tonnes, pour un coût estimé à 1,5 milliard de dollars. Ce projet est resté lettre morte.
 

 

Joël Té-Léssia/ jeuneafrique



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