Résumé du rapport sur la politique monétaire dans l’Umoa-mars 2021


Rédigé le 10 Avril 2021 à 15:08 commentaire(s) modifié le 12 Avril 2021 16:04


(Equonet-Dakar) – La Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest a publié le rapport sur la politique monétaire dans l’Umoa-mars 2021. Voici le résumé.


(…) Au niveau de l’UEMOA, la reprise de l’activité économique s’est consolidée au quatrième trimestre 2020, avec une progression de 1,3% du PIB par rapport à la même période de l’année précédente, après 0,6% un trimestre plus tôt. Cette évolution reflète l’accélération du rythme de progression de la valeur ajoutée dans l’ensemble des secteurs d’activité, consécutive à la reprise progressive de la demande intérieure. Pour l’ensemble de l’année 2020, les dernières estimations situent le taux de croissance économique de l’Union à 0,9% contre 5,7% en 2019.

S’agissant des comptes extérieurs, la balance des paiements dégagerait un excédent de 15,8 milliards en 2020, après 1.635,1 milliards enregistré un an plus tôt. Cette évolution résulterait d’une baisse des entrées nettes de capitaux au titre du compte financier, couplée à une aggravation du déficit courant, dont les effets ont été atténués par la consolidation de l’excédent du compte de capital. Rapporté au PIB, le déficit courant de l’Union ressortirait à 5,6% en 2020, en hausse de 0,7 point de pourcentage par rapport à 2019, du fait essentiellement de l’aggravation du déficit de la balance des biens et services (-1.017,7 milliards), dont l’impact a été atténué par un redressement des entrées nettes au titre des comptes des revenus primaire et secondaire (+288,8 milliards). L’excédent du compte de capital s’est accru de 42,8% par rapport à l’année précédente, en raison de la forte hausse des dons-projets reçus par les Etats. Quant aux entrées nettes au titre du compte financier, elles se sont repliées de 29,1% en 2020, dans un contexte marqué par la baisse des investissements de portefeuille (-40,9%) et des investissements directs étrangers (-44,6%).

En ce qui concerne les finances publiques des Etats membres de l’Union, l’exécution budgétaire au titre de l’année 2020 fait ressortir un creusement du déficit, base engagements dons compris, passé de 3.053,2 milliards ou 2,4% du PIB en 2019 à 5.220,5 milliards ou 5,7% du PIB. Cette évolution découle d’une hausse de 20,8% des dépenses totales et d’un recul de 2,4% des recettes budgétaires. Le financement de ce déficit public a été principalement couvert sur le marché financier régional à hauteur de 4.181,1 milliards en termes nets contre 910,8 milliards un an plus tôt. En lien avec ces évolutions, l’encours de la dette publique émise sur le marché régional s’est élevé à 15.064,6 milliards ou 16,6% du PIB à fin décembre 2020 contre 10.883,5 milliards ou 12,3% du PIB à fin décembre 2019.

S’agissant des prix à la consommation, le taux d’inflation est ressorti à 2,7% au quatrième trimestre 2020, par rapport à la même période de l’année précédente, après 2,9% un trimestre plus tôt. Cette légère décélération traduit notamment le ralentissement des prix des produits alimentaires, qui ont augmenté de 4,9% contre 5,0% un trimestre plus tôt, en lien avec l’amélioration de l’offre de céréales, de légumes ainsi que de tubercules et plantains. Le ralentissement de la progression des prix du charbon de bois (+0,8% au quatrième trimestre contre +1,3% le trimestre précédent) a également contribué à la baisse du taux d’inflation dans l’Union. Pour sa part, le taux d’inflation sous-jacente, qui mesure l’évolution du niveau général des prix hors produits frais et énergie, est ressorti en hausse à 1,8%, après une progression de 1,6% un trimestre plus tôt.

L’évolution des agrégats monétaires au quatrième trimestre 2020, par rapport à la même période de l’année 2019, est caractérisée par une progression de 16,4% de la masse monétaire de l’Union contre 15,5% un trimestre plus tôt. Cet accroissement de l’agrégat de monnaie au sens large est dû à la hausse combinée des créances intérieures et des actifs extérieurs nets, respectivement de 16,9% et 2,9%. En particulier, les créances sur l’économie ont augmenté de 4,8% sur la période alors que les créances nettes sur l’Administration Publique Centrale se sont accrues de 52,0%. Les réserves de change de l’Union ont augmenté de 1.374,2 milliards, à la faveur de la mobilisation d’importantes ressources par les Etats et la BOAD. Ce niveau des avoirs officiels assure à l’Union la couverture de 5,9 mois d’importations de biens et services, contre 5,6 mois le trimestre précédent. Il correspond à un taux de couverture de l’émission monétaire de 77,3% contre 74,7% un trimestre plus tôt.

Sur le marché monétaire de l’Union, le déficit de la trésorerie propre des banques s’est atténué de 316,2 milliards pour se situer à 2.985,7 milliards à fin décembre 2020. Parallèlement, les banques se sont désengagées de 111,4 milliards sur les guichets de refinancement de la Banque Centrale. En conséquence, la liquidité bancaire s’est accrue de 204,9 milliards pour s’établir à 2.809,3 milliards à fin décembre 2020. La détente des taux d’intérêt s’est poursuivie au quatrième trimestre 2020, favorisée par les opérations d’adjudications à service complet sur les guichets d’open-market à une semaine et à un mois de la BCEAO, assorties du taux fixe de 2,00%. Le coût moyen des ressources offertes par la Banque Centrale sur le guichet à une semaine est resté stable à 2,00% comme au troisième trimestre 2020, contre 3,38% un an plus tôt. Sur le marché interbancaire, le taux d’intérêt moyen pondéré, toutes maturités confondues, est ressorti à 2,88% contre 3,02% un trimestre plus tôt.
Sur un an, la baisse est de 161 points de base. Sur la maturité à une semaine, qui totalise 70,0% du volume global des transactions au cours du trimestre, le taux d’intérêt moyen pondéré s’est établi à 2,62% contre 2,73% au trimestre précédent. Un an plus tôt, il s’élevait à 4,36%.

Sur le marché financier régional, les conditions de financement des Etats membres ont continué de s’améliorer, le taux d’intérêt moyen pondéré des bons du Trésor ressortant à 3,28% en 2020 contre 5,36% un an plus tôt et le rendement moyen des obligations, toutes maturités confondues, à 6,29% en 2020 contre 6,60% un an auparavant. Cette évolution reflète l’orientation baissière des taux d’intérêt sur le marché monétaire, consécutive à l’assouplissement de la politique monétaire de la BCEAO enclenché depuis mars 2020. Pour sa part, le taux débiteur moyen des banques, hors taxes et charges, a enregistré un repli de 29 pdp entre le troisième et le quatrième trimestre 2020, pour s’établir à 6,58%.

Sur le marché du travail, la situation s’est globalement dégradée en 2020 comparativement à 2019, en lien avec les répercussions de la pandémie sur l’activité économique. Le taux d’occupation, défini comme la proportion de la population en âge de travailler et qui est employée, a connu un léger recul en passant de 47,1% à 46,9%. Dans l’ensemble, le taux de chômage s’est inscrit en hausse pour se situer à 13,7% en 2020 contre 11,8% un an plus tôt.

En perspective, l’activité économique dans l’Union devrait connaître une reprise vigoureuse en 2021, avec un taux de croissance attendu à 5,8%, sous l’effet combiné de l’atténuation des conséquences négatives de la crise sanitaire et du maintien des mesures de soutien budgétaire et monétaire. Les prévisions d’inflation dans l’Union tablent, selon le scénario central, sur une poursuite de la baisse du rythme de progression des prix, avec un taux d’inflation, en rythme annuel, de 1,7% au quatrième trimestre 2021. Ce taux est projeté à 1,6% au premier trimestre 2022. Au quatrième trimestre 2022, le taux d’inflation se situerait à 1,8%, dans la zone cible [1,0% - 3,0%], définie pour la politique monétaire dans l’UMOA.

Ces prévisions d’inflation demeurent entourées de risques dont la survenance affecterait la projection centrale aussi bien à la hausse qu’à la baisse. Les risques baissiers pourraient découler d’une baisse des prix des produits pétroliers d’une ampleur inattendue, en raison d’une conjoncture marquée par l’accentuation de la faiblesse de la demande mondiale. Les risques haussiers seraient liés à l’incidence des perturbations climatiques et sécuritaires sur la production céréalière locale. Par ailleurs, la persistance de la crise sanitaire de la Covid-19 dans les pays de l’Union, avec comme corollaire, la perturbation des circuits de distribution de certains produits pourrait induire une accélération de l’inflation. (…)

Source : Bceao
Equonet


Dans la même rubrique :