cinq plantes cachées dans notre quotidien


Rédigé le 10 Mai 2022 à 13:27 | 0 commentaire(s) modifié le 11 Mai 2022 17:22


(Equonet-Dakar) - Essentielles à la vie et aux moyens de subsistance, les plantes sauvages méritent elles aussi notre attention.


Elles entrent dans la composition de certaines lotions qui rendent notre peau plus douce ou de certaines tisanes que nous sirotons le dimanche après-midi. Elles attendent d’être saupoudrées sur les salades ou ajoutées aux compléments alimentaires que nous prenons tous les jours. Les plantes sauvages se trouvent partout dans notre vie quotidienne et sont une source de nourriture, d’oxygène et de médicaments. À l’échelle mondiale, on estime que les plantes sauvages sont utilisées par 3,5 à 5,8 milliards de personnes, tous groupes socioéconomiques et régions géographiques confondus, et qu’un milliard de personnes dépendent des aliments sauvages pour leur subsistance et leur sécurité alimentaire. 

Les plantes sauvages sont porteuses de grandes opportunités économiques et nutritionnelles pour ces communautés et pour les sociétés du monde entier. De fait, entre 2000 et 2020, la valeur commerciale des plantes médicinales et aromatiques a enregistré à elle seule une augmentation de plus de 75 pour cent.  

Il convient toutefois, comme c’est le cas pour toutes nos ressources naturelles, de ne pas perdre de vue la dimension de la durabilité. Deux espèces végétales sur cinq sont menacées d’extinction à travers le monde en raison de la perte de leur habitat, d’une utilisation non durable et des effets du changement climatique.

Nous pouvons prévenir ces risques en menant des campagnes d’information et de sensibilisation. Le nouveau rapport de la FAO intitulé Wild Check: Assessing risks and opportunities of trade in wild plant ingredients  (Regard sur la flore: évaluation des risques et des perspectives du commerce des ingrédients de végétaux sauvages) nous aide à mieux comprendre et soutenir l’approvisionnement responsable en plantes sauvages. Le rapport met en lumière 12 de ces plantes, «les douze plantes sauvages vedettes», et propose des moyens de les protéger.

Aujourd’hui, à l’occasion de la Journée internationale de l’arganier, nous célébrons cette plante sauvage qui présente des avantages considérables pour notre biodiversité, notre sécurité alimentaire et nos moyens de subsistance. Toutefois, chaque jour peut être l’occasion de célébrer ces «espèces sauvages».

Voici cinq de ces espèces végétales sauvages qui se cachent sous nos yeux:

1)    L’argan 

L’argan entre dans la composition de produits cosmétiques, alimentaires et pharmaceutiques. Il est surtout utilisé sous forme d’huile et ses propriétés anti-âge sont très prisées en cosmétique. Par ailleurs, la forte demande dans l’industrie alimentaire en a fait l’huile comestible la plus chère au monde.

Le Sud-Ouest du Maroc est connu pour ses vastes forêts d’arganiers. Ces arbres constituent une source de revenus pour trois millions de personnes, qui vivent majoritairement en zone rurale. La plupart des exploitants sont des femmes, qui font partie de la minorité nomade autochtone amazighe. En soutenant les efforts de conservation des arganiers, nous soutenons les moyens de subsistance, en particulier pour ces femmes autochtones dont les sources de revenus sont limitées.

Alors même que la demande en huile d’argan continue d’augmenter, les forêts d’arganiers sont confrontées à des menaces continues qui pèsent sur leur habitat, en raison de la déforestation, de la fréquence accrue des sécheresses et de la hausse des températures. La région d’Ait Souab-Ait Mansour, zone unique du Maroc où les arganiers sont cultivés depuis des siècles, a été désignée par la FAO, Système ingénieux du patrimoine agricole mondial (SIPAM). Cette désignation contribue à soutenir la conservation, tout en promouvant une utilisation durable pour les économies locales.




Légende: La demande en ingrédients issus de plantes sauvages, tels que la réglisse (en haut, à gauche) et le baobab (en bas, à droite), ne cesse de croître et offre aux communautés rurales de nouveaux moyens de subsistance. Il convient toutefois de faire de leur utilisation durable une priorité. En haut: ©Pixabay. En bas: ©Pixabay.

2)    Le karité

Dans toute l’Afrique, de l’Ouganda au Sénégal, les noix de karité sont récoltées et transformées en beurre de karité, un produit comparable au beurre de cacao. Le beurre de karité est largement utilisé à la fois en cosmétique et dans l’industrie alimentaire, notamment dans la fabrication du chocolat.

En soutenant l’utilisation durable du karité et sa conservation, nous pouvons protéger les écosystèmes et améliorer les moyens de subsistance. En Afrique de l’Ouest, par exemple, les noix de karité sont principalement récoltées et transformées par les femmes, ce qui contribue aux revenus de quelque trois millions de femmes.  

3)    Le baobab

Le fruit du baobab, riche en vitamine C et en fibres, est réduit en poudre et consommé en tant qu’aliment ou comme boisson, tandis que l’huile de ses graines est utilisée dans les produits cosmétiques. En Afrique, certaines parties du baobab, telles que les feuilles et les fleurs, sont consommées localement. Les racines et l’écorce sont utilisées en tant que remèdes.  

À l’heure actuelle, les changements intervenant dans l’utilisation des terres constituent une menace pour les espèces de baobab. Un approvisionnement responsable permet, toutefois, non seulement de répondre à la demande croissante des industries alimentaire et cosmétique, mais également de soutenir les femmes qui jouent un rôle essentiel dans les processus de production. La conservation des baobabs peut également permettre de contribuer à protéger de nombreuses autres espèces, notamment les chauves-souris et d’autres pollinisateurs tels que la mouche bleue et les papillons nocturnes qui pollinisent les fleurs du baobab.

4)    La réglisse 

La réglisse est une espèce sauvage traditionnellement utilisée à des fins médicinales ou comme édulcorant. Originaire d’Eurasie, la réglisse récoltée à l’état sauvage provient le plus souvent d’Ouzbékistan et d’Azerbaïdjan. Les communautés rurales en tirent leurs moyens de subsistance. Une meilleure gestion des ressources et un approvisionnement durable sont donc essentiels. Du fait de la conversion des terres, on observe une diminution de ces végétaux dans le monde entier. Toutefois, la réglisse présente un risque d’extinction moindre que celui d’autres plantes sauvages car elle se régénère facilement grâce à ses racines et à ses rhizomes. Les plants de réglisse peuvent même contribuer à la restauration des terres en améliorant la teneur en azote du sol.

Légende : Utilisée dans de nombreux produits médicinaux, l’hydraste du Canada peut être récoltée à l’état sauvage ou cultivée pour le commerce national et international. ©Priya Jaishanker

5)    L’hydraste du Canada

Principalement utilisée dans les produits médicinaux, l’hydraste du Canada est une plante originaire d’Amérique du Nord. Les rhizomes et les racines font l’objet d'un commerce national et international, sous forme entière ou en poudre. La plante est à la fois récoltée à l’état sauvage et cultivée.

Les principales menaces qui pèsent sur cette espèce végétale sont la perte de son habitat, la récolte sauvage non durable et la dégradation des sols. La surexploitation de l’hydraste sauvage est cependant particulièrement préoccupante. Les consommateurs sont encouragés à opter pour des plantes cultivées, dans la mesure où des achats responsables peuvent contribuer à l’utilisation durable de l’hydraste du Canada. 

Les ingrédients issus de plantes sauvages passent souvent inaperçus malgré leur ubiquité et la place importante qu’ils occupent dans notre vie quotidienne. Alors, comment pouvez-vous aider? L’étude et la compréhension des utilisations traditionnelles des plantes sauvages, telles que l’arganier et les autres plantes faisant partie des «douze plantes sauvages vedettes», peuvent constituer un excellent point de départ. Renseignez-vous sur les tendances de l’utilisation des plantes sauvages et achetez des produits certifiés. Vous pourrez ainsi contribuer à soutenir les efforts déployés à plus grande échelle en faveur de la conservation. Et, bien sûr, faites passer le message!

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