Connectez-vous S'inscrire
https://www.equonet.net/
ecofinance.sn
Facebook
Twitter
Média de veille et d'alerte sur les questions de gouvernance, de transparence et de redevabilité des ressources extractives au Sénégal et en Afrique.
Veiller à l'application des obligations du secteur extractif sénégalais.



« rapports armp et cour des comptes 2021 » : et vive la kleptocratie


Rédigé le 16 Décembre 2022 à 13:01 | 0 commentaire(s) modifié le 19 Décembre 2022 - 17:52


(Equonet-Dakar) – La publication presque concomitante des rapports 2021 de l’Autorité de Régulation des Marchés Publics (ARMP) et de la Cour des Comptes a fini de nous convaincre que notre pays en réalité évolue dans un régime de KLEPTOCRATIE. Tellement les faits de détournements, de vols et autres indélicatesses financières y sont devenus presque UNE NORME.


On connaissait la DEMOCRATIE ou gouvernement du peuple par le peuple dit-on. La GERONTOCRATIE ou gouvernement des vieillards ou sages. La THEOCRATIE ou gouvernement des religieux ;  la PLOUTOCRATIE ou gouvernement des riches et tout récemment il faudra y ajouter l’INEPTOCRATIE ou gouvernement des incapables ou des médiocres c’est selon et surtout, surtout la KLEPTOCRATIE ou GOUVERNEMENT DES VOLEURS.
 
En effet, la publication presque concomitante des rapports 2021 de l’Autorité de Régulation des Marchés Publics (ARMP) et de la Cour des Comptes a fini de nous convaincre que notre pays en réalité évolue dans un régime de KLEPTOCRATIE. Tellement les faits de détournements, de vols et autres indélicatesses financières y sont devenus presque UNE NORME.

Déjà en 2017, à l’occasion de la publication du rapport 2017 de l’ARMP, dans un article intitulé « De l’audit..des audits »,  je dénonçais avec forte indignation, cette propension des dirigeants et managers sénégalais des structures nationales publiques et parapubliques à des actes de brigandage financier qui ont fini de nous convaincre qu’il s’agit d’une véritable pathologie . Cinq ans plus tard , en 2022, la situation s‘est empirée et tous les rapports des corps de contrôle en font foi. C’est dire que la pathologie est devenue épidémie et a fini de gangrener toutes les structures de l’Etat.

Et ce qui rend l’affaire nauséabonde voire odieuse, c’est que tout cela est le fait de personnes bien sous tous les rapports, bien formées, très bien payées avec des émoluments qui se déclinent en sept chiffres voire même huit chiffres, agrémentés d’avantages additionnels très conséquents : logement et voiture de fonction, carburant à la pelle et tout et tout et tout qui s’adonnent à ce jeu de massacre programmé de notre économie déjà assez exsangue. INACCEPTABLE ET ODIEUX .
 
On a du mal, beaucoup de mal à voir ces pratiques de vampirisme financier devenir quasiment UNE RELIGION au point que celui qui ne la pratique pas serait perçu comme un extraterrestre .TERRIBLE .
 
Mais toute chose ayant une explication, cette propension des managers sénégalais à la piraterie financière peut trouver la sienne entre autres et sans vouloir médire,  dans l’extrême politisation des structures de l’Etat et dans le mode de nomination des dirigeants d’entreprises ou structures publiques et parapubliques de l’Etat.
 
Dans ces nominations laissées à la discrétion totale du Chef de l’Etat où le critère le plus déterminant de nomination des hauts responsables à la tête desdites structures étant le militantisme politique dans le camp présidentiel, avec des feuilles de route même pas voilées « d’extension et de massification du parti », il va sans dire que de telles pratiques de prédations des deniers publics ont encore des très beaux jours devant elles..
Les cris d’indignations et les appels à des sanctions exemplaires n’y feront RIEN. C’est le FAIT DU PRINCE. 
 
On l’oublie souvent mais les rapports d’audits etTOUS les rapports des corps de contrôle sont remis au  «  Client  » c'est-à-dire le commanditaire de l’audit et dans le cas d’espèce au Président de la République, destinataire de tous les rapports d’audit des corps de contrôle de l’Etat. Ce dernier doit  en principe, les diffuser  ( les résultats d’un AUDIT font généralement l’objet de publication)  mais il reste LIBRE de suivre ou non  les recommandations contenues dans les rapports notamment les propositions de sanction quant à leur effectivité .  Cette liberté d’option fait partie de ses pouvoirs régaliens que lui confère son statut de clé de voûte de nos Institutions. Il faut que les gens comprennent cela et arrêtent de faire des injonctions pour lui demander de « lever le coude » sur certains dossiers. Expression  d’ailleurs impropre. « Lever le coude », en bon français veut dire «se saouler la gueule,  boire plus que de raison». Dans le cas d’espèce, il serait plus indiqué de dire par exemple :« ressortir les dossiers mis sous le coude »…Il se dit que le PR garderait ces dossiers comme des ADM (Armes de Destruction (ou Dissuasion) massive) pour ceux qui seraient tentés de lui faire du « Mimi Touré ».. Vrai , Faux? Yala rekk ka khame. Seul DIEU sait.  Passons...
Ce qui est constant et consternant c’est qu’au Sénégal, les audits et autres rapports des corps de contrôle  se suivent et se ressemblent. Ils donnent toujours lieu à des documents produits  par les corps de contrôle habilités et souffrent de quelques tares rédhibitoires.

1/ Ils ne sont pas toujours TOUS PUBLIES en temps échu. Cette confidentialité organisée donne libre cours à des élucubrations et autres interprétations souvent très fantaisistes et assez loin de la réalité. Le manque ou la rétention d’informations alimente la rumeur qui enfle, qui enfle qui enfle…et qui ne s’arrêtera que lorsque la diffusion des rapports d’audit deviendra une pratique républicaine systématique. CQFD
 
2/ Ensuite, ces audits relèvent presque toujours des manquements liés à la bonne gouvernance de nos entreprises et structures incriminées et qui ont noms : non respect sinon violation flagrante des procédures en vigueur, gabegie, détournements divers de numéraires, d’objectifs, surfacturations, achats fictifs, recrutements népotiques etc…par les responsables épinglés et qui, pour la plupart sinon tous ne sont jamais inquiétés par l’Autorité Suprême.

Et pour cause !!! C’est bien Lui qui les a nommés et qui les aurait sommés en langage codé dit-on et – sans en avoir l’air- de « faire de la politique » pour « massifier le parti » avec les moyens financiers de la structure à leur disposition. Tant que cette logique de positionnement politique demeurera la pierre angulaire des nominations à des postes de responsabilité de haut niveau à la tête de nos entreprises et structures publiques et parapubliques, il ne faudra pas s’étonner de vivre régulièrement des scandales récurrents dans la gestion desdites structures. On peut comprendre que la froide logique politique impose de placer « ses hommes » à la tête des grandes entreprises mais encore faudrait-il qu’ils aient le profil de l’emploi. Ce qui n’est pas toujours le cas pour certains d’entre eux qui ont fini de convaincre de leurs limites objectives dans le management de haut niveau.
 
Certes, l’idéal aurait été de disposer de politiques ayant le niveau requis à la tête des entités concernées. Mais tant que l’appartenance politique reste le critère le plus important au détriment du profil de l’emploi, nos DG politiques ont encore de beaux jours devant eux pour perpétuer impunément les scandales et autres « hauts faits d’armes » durant leur magistère. Comme on en voit tous les jours au Sénégal. Les rapports et autres audits n’y feront RIEN.

Il est quand même remarquable de voir que beaucoup de VIP n’entrent en politique qu’une fois nommées à des postes de haut niveau (Ministre ou DG) pour disposer des moyens financiers conséquents comme « armes de guerre » politiques. Pourtant,  le mélange des genres -politique et manager- ne fait pas toujours bon ménage.
Les entreprises et structures les plus performantes dans ce pays (SONATEL, Banques ..) sont celles qui sont confiées à des leaders charismatiques dont l’étiquette politique si elle existe, n’est pas trop visible ni bruyante comme ce qu’il nous est donné de voir avec nos DG politiques actuels.
 
Etre distingué par le Président de la République pour être nommé à un poste de DG est, certes un grand mérite . Aussi, nos DG propulsés se doivent de tout faire pour légitimer cette distinction en travaillant bien par « une gestion sobre et vertueuse » des structures à eux, confiées. Pour ce faire, il n’est jamais de trop pour certains d’entre eux,  plutôt que de se complaire dans la posture jouissive de leur station de DG, d’accepter de se recycler pour se mettre à niveau et combler leurs lacunes criardes dans le management des hommes et des structures. Le savoir et la connaissance sont les seules choses qui valorisent véritablement une personne. « IKHRA : Lis » a dit ALLAH Soubkhanahou Wa Taalla à son Noble Prophète. 
 
Sous ce rapport, un DG qui se respecte doit pouvoir lire et comprendre un budget d’entreprise entre autres, par exemple. Et pour cela, les séminaires thématiques, résidentiels et autres, foisonnent dans le pays et ne demandent qu’à les accueillir pour les formater à mieux assumer leurs hautes charges. Simples questions de volonté et de responsabilité personnelles
Sinon, encore et toujours, « bonjour les dégâts »….
 
L’autre aspect c’est qu’il devient aussi très difficile à comprendre comment beaucoup de DG et autres hauts responsables souvent formés à très bonne école et fortement diplômés de haut niveau , deviennent subitement des prédateurs de haut vol, une fois aux commandes d’une structure publique ou parapublique . C’est à croire que tout leur savoir accumulé au fil de leurs formations multiformes, n’a été acquis que pour mieux VOLER les deniers publics. Ou c’est plutôt parce qu’ils n’ont aucun amour-propre personnel ni d’éthique de la responsabilité et que le patriotisme leur fait défaut. Tant il est vrai que si « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». «Diplômes sans éthique de responsabilité n’est que kleptomanie et indignité ».  On reste abasourdi et scandalisé de voir que de très hauts responsables acceptent de signer allégrement et sans aucun état d’âme des documents à connotation financière qu’ils savent pertinemment FAUX et frauduleux.
 
Comment un homme sain d’esprit et de corps, bien formé et bénéficiant d’un salaire très conséquent et d’autres avantages additionnels exceptionnels peut-il se livrer allégrement à de telles indélicatesses sans gène ni pudeur devant l’opprobre et la désapprobation populaires de voir son nom figurer dans des dossiers sales et encore moins sans même une petite crainte de DIEU ?  Flaubert disait à juste titre : « Qui a le physique (profil) d’un emploi, en a l’âme » TOUS DES VOLEURS  dans l’âme,  je vous dis ! TERRIBLE. 
 
Au Sénégal on en est à ce niveau.
 
Et tant que les nominations obéiront à des motivations bassement politiques pour ne pas dire politiciennes et que la pratique de la sanction sans état d’âme n’aura pas été une démarche républicaine bien ancrée dans nos mœurs, les pratiques délictuelles auront de très beaux jours devant elles dans notre pays. N’en déplaise à tous les indignés et scandalisés de Ndoumbelane.
 
Et tous les rapports et autres audits du monde n’y pourront RIEN.,    
 
DIEU NOUS GARDE ET GARDE LE SENEGAL .

Dakar le  15/12/2022
Guimba  KONATE
DAKAR
guimba.konate@gmail.com
Guimba Konaté



Actualité | EcoFinance | Finance | Technologie | Contenu local | Environnement | Contribution | Donneurs | Conseil des Ministres | Nominations | Mines-Hydrocarbures | Energies