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Connaître et faire la différence entre le pétrole et le gaz


Rédigé le 7 Juillet 2019 à 15:43 | 0 commentaire(s) modifié le 9 Juillet 2019 - 17:31


(Equonet-Dakar) – Dans ce chapitre, Mamadou Fall Kane, secrétaire permanent adjoint du Comité d’orientation stratégique du pétrole et du gaz (Cos-Pétrogaz) définit le pétrole et le gaz avant d’expliquer les différences qui existent entre ces deux produits.


D’un point de vue physique, le pétrole et le gaz sont des produits naturels constitués essentiellement d’hydrocarbures, c’est-à-dire de molécules composées uniquement d’atomes de carbone et d’hydrogène. Les hydrocarbures se sont formés il y a des centaines de millions d’années par accumulation de végétaux qui se sont décomposés dans des conditions particulières de température et de pression.
 
Il n’est pas nécessaire d’en savoir plus sur le processus complexe de formation des hydrocarbures pour bien comprendre les enjeux du pétrole et du gaz au Sénégal.
 
Un concentré d’énergie et de matières premières indispensables au monde moderne
 
Aujourd’hui, la prépondérance du pétrole est régulièrement remise en question mais il n’en demeure pas moins la clé de voûte de l’économie mondiale, tant ses nombreux dérivés, issus du raffinage, sont omniprésents dans notre quotidien. S’il est vrai que pour la production d’électricité, les fiouls lourds cèdent du terrain face au gaz et aux énergies renouvelables, le pétrole continue de fournir l’immense majorité des carburants modernes ainsi que de nombreux produits tels que les lubrifiants, les bitumes, les détergents ou encore les matières plastiques. Malgré l’existence de carburants végétaux ou de matériaux alternatifs aux plastiques, le pétrole reste irremplaçable à grande échelle et sa consommation, pour l’instant, ne cesse de croître.
 
La souplesse d’utilisation des carburants issus du pétrole et leur abondance, au moment décisif de l’industrialisation américaine et du boom de l’automobile, ont abouti à un réseau mondial de distribution qui garantit aujourd’hui au pétrole une position dominante qu’il sera difficile et extrêmement coûteux de remettre en cause.
 
Il faut donc retenir que la plupart des pays sont encore dépendants au pétrole et qu’un État qui en possède est assuré de pouvoir convertir sa production en revenus financiers.
 
Une ressource non-renouvelable mais paradoxalement abondante
 
Le mode de formation des hydrocarbures évoqué plus en haut en fait une ressource non-renouvelable à l’échelle de l’humanité. Dit autrement, chaque baril produit n’est pas remplacé et la quantité totale disponible diminue au fur et à mesure de la production. Une dépendance mondiale et une nature non renouvelable devrait logiquement garantir au pétrole un prix constamment élevé. Ce n’est plus le cas depuis 2015 pour la simple raison que, si la demande est soutenue, l’offre l’est encore plus, notamment depuis l’arrivée du pétrole de schiste américain . Les quelques millions de barils supplémentaires ont été suffisants pour saturer le marché et diviser par deux les prix du brut.
 
Dans le cas du Sénégal, en tenant compte des cours actuels , les 600 millions de barils du réservoir SNE1 découverts sur le champ offshore de SANGOMAR vaudraient aujourd’hui 30 milliards de dollars. Ce montant n’est évidemment qu’un ordre de grandeur basé sur des quantités estimées et sur le prix d’un marché particulièrement déprimé. La valeur globale des réserves de SANGOMAR dépendra de la quantité exacte de pétrole qu’il sera possible d’extraire et de l’évolution du prix de vente tout au long de la période de production. La volatilité des prix est une des caractéristiques fondamentales du pétrole.
 
Une production de plus en plus coûteuse
 
Comme évoqué plus haut, les hydrocarbures se sont formés il y a plusieurs centaines de millions d’années et les réservoirs ont naturellement évolué avec le temps. Des cassures et autres mouvements tectoniques ont repoussé des poches entières d’hydrocarbures à de grandes profondeurs dans le sous sol et jusque sous les fonds marins. Le champ SANGOMAR, par exemple, est situé en pleine mer à environ 100 kilomètres des côtes et les réservoirs de ce champ sont enfouis à plus de 2 kilomètres sous le fond de la mer, par une profondeur d’eau de plus de 1,000 mètres. La difficulté d’accès à ces réservoirs implique nécessairement des coûts de développement élevés. Dans le cas de SANGOMAR, ces coûts sont évalués à près de 5 milliards pour chacune des trois phases du projet SNE.
 
La difficulté d’accès, les risques industriels et leurs conséquences potentielles sur l’environnement justifient l’emploi de moyens spécifiques et onéreux. A titre, d’exemple, une plateforme de forage mobile et son environnement logistique peut facilement coûter 1 million de dollars par jour. Le prix d’une plateforme de production du type FPSO5 , se chiffre quant à lui, en milliards de dollars. Cependant, à ces éléments objectifs qui justifient pleinement des coûts de production élevés s’ajoutent d’autres facteurs, parfois irrationnels, qui entraînent une redondance de moyens et par conséquent un renchérissement supplémentaire des projets.
 
Dans le cas des réservoirs de SANGOMAR, la valeur estimée du projet SNE sera donc réduite d’un montant correspondant aux coûts de développement et de production. Il est donc essentiel de maîtriser les dépenses puisqu’au final, c’est la ressource elle-même, en l’occurrence le pétrole produit, qui finance entièrement les projets. Le schéma ci-après illustre clairement ce point.
 
Pétrole et Gaz: une histoire commune jusqu’à la phase de production
 
Pendant très longtemps, le gaz naturel a été considéré comme un sousproduit des projets pétroliers, voire une nuisance dont il fallait se débarrasser dans des torchères. Ce gâchis énergétique a longtemps été justifié par les difficultés liées au transport, au stockage et à l’utilisation du gaz naturel.
 
Aujourd’hui le gaz est de plus en plus valorisé même si son marché concerne encore principalement les pays développés. Le gaz nécessite des investissements lourds pour son transport, que ce soit par gazoduc, ou par navire méthanier, après liquéfaction dans des installations dédiées. C’est d’ailleurs cette deuxième option qui a été retenue pour exporter le gaz du champ GTA (GRAND TORTUE | AHMAYEM), situé à cheval entre le Sénégal et la Mauritanie. Ce gaz situé à moins de 5 jours de mer du marché européen bénéficie d’un avantage commercial évident.
 
Des réserves encourageantes encore loin de celles des géants
 
En ce qui concerne les réserves prouvées depuis les premières découvertes en eau profonde en 2014, les résultats sont encourageants et confirment la bonne stratégie du Sénégal en matière d’attractivité de son bassin minier. Pour l’instant, nous venons d’entrer dans le club fermé des producteurs de pétrole et de gaz mondiaux, mais nous ne sommes qu’à nos débuts et il faut en moyenne 50 ans aux pays producteurs, pour arriver à l’étape de maturité.
 
Nous devons donc encourager les investissements dans l’exploration, avec un code pétrolier incitatif, afin de permettre d’autres découvertes qui augmenteront de fait nos réserves et nos capacités de tirer le meilleur profit de nos ressources naturelles.
Mamadou Fall Kane



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