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Qu’est-ce que la malédiction du pétrole ? Peut-on l’éviter au Sénégal ?


Rédigé le 8 Juillet 2019 à 18:20 | 0 commentaire(s) modifié le 9 Juillet 2019 - 17:30


(Equonet-Dakar) – La malédiction du pétrole est assimilée au gaspillage, à la corruption, aux dépenses inutiles et à la dette. Mais pour Mamadou Fall Kane, secrétaire permanent adjoint du Comité d’orientation stratégique du pétrole et du gaz (Cos-Pétrogaz), on peut bel et bien l’éviter. Tout est question de bonne gouvernance.


La malédiction du pétrole a été prophétisée la première fois par Juan Pablo Perez Alonzo, ministre de l’Énergie vénézuélien et fondateur de l’OPEP lors d’un constat accablant pour son pays: “le pétrole amène le gaspillage, la corruption, les dépenses inutiles et la dette”.

L’exemple du Venezuela, loin d’être unique, incite à se demander si les pays détenteurs de ressources naturelles ne sont pas, paradoxalement, désavantagés par rapport à ceux qui n’en possèdent pas. Il n’en est rien!

De même qu’il ne faut pas espérer de miracle, il ne faut pas craindre non plus de malédiction. Les dangers sont réels mais les solutions existent. Toutes tournent autour d’une bonne gouvernance.

Contre le gaspillage, la corruption et la mono-production: les atouts du Sénégal
 
Que ce soit au niveau d’un État ou d’une famille, l’abondance de ressources ou de richesses entraine une propension naturelle au gaspillage. Ce phénomène n’est pas propre à l’Afrique, bien au contraire puisqu’il est même le pilier central des sociétés occidentales dites “de consommation“. Cependant, à la différence de ces économies occidentales, l’Afrique ne produit pas ce qu’elle consomme et, privilégier la consommation par rapport à l’investissement productif revient donc à favoriser les fournisseurs étrangers au détriment de sa propre économie. La lutte contre le gaspillage est une mission collective. Quand le Sénégal atteindra l’émergence et pourra enfin éradiquer la pauvreté, il appartiendra à chaque Sénégalais, de décider si son revenu disponible doit être mis de côté pour ses enfants ou utilisé immédiatement pour acheter des produits importés. Au niveau de l’État, la décision est déjà prise et cette décision est empreinte de sagesse.
 
La loi d’orientation portant sur l’utilisation des revenus du pétrole et du gaz sera un rempart contre le gaspillage institutionnel. Cette loi déjà écrite alors même que les premiers revenus ne sont attendus qu’en 2022, répond à la triple nécessité de financer les besoins de développement immédiats, mais aussi de pallier la volatilité des cours et enfin, de préparer l’après pétrole.
 
La corruption est le deuxième fléau vecteur de malédiction. La meilleure parade à la corruption, est la transparence. Cette transparence nécessite un engagement inconditionnel au plus haut sommet de l’État. Au Sénégal, cet engagement s’est traduit par la volonté du Président de la République d’inscrire dans la constitution que les ressources naturelles du pays appartiennent au peuple et que le peuple doit être le premier à en bénéficier. Ce n’est ensuite pas un hasard si le Sénégal est le 1er pays africain et le 4ème pays au monde à appliquer de façon satisfaisante les recommandations de l’Initiative pour la Transparence des Industries Extractives (ITIE). Cette proactivité du Sénégal se manifeste notamment par la publication de tous les contrats pétroliers sur le site de l’ITIE .
 
Enfin, bâtir son économie exclusivement autour du pétrole est le meilleur moyen de passer du rêve au cauchemar lorsque les cours dévissent. Le Sénégal dispose aujourd’hui d’une économie diversifiée7 et il est impératif de ne pas tomber dans le piège de la facilité mais, au contraire de préserver, voire d’intensifier cette diversification.
 
C’est là qu’entre en jeu l’une des cartes maîtresses du pays: le Plan Sénégal Émergent. Ce plan développé dès 2014, avant même la mise en évidence de richesses pétrolières et gazières, articule la vision du chef de l’État pour une émergence du pays dès 2035 en déclinant les forces du pays en autant de projets phares, créateurs de richesse.
 
Il est ici fondamental de comprendre que c’est ce Plan Sénégal Émergent qui doit continuer à nous guider sur la voie du développement et que le pétrole et le gaz ne doivent être que des sources de financement supplémentaires pour atteindre nos objectifs.
 
Le cas particulier du syndrome hollandais
 
Une variante purement économique de la malédiction des ressources a touché les Pays-Bas dans les années 1960, donnant son nom au syndrome hollandais. Ce syndrome décrit comment un afflux massif de dollars, consécutif à la vente de ressources naturelles, peut provoquer une valorisation excessive de la monnaie locale, et, par voie de conséquences, avoir un effet dramatique sur les autres secteurs d’exportation du pays. Dit autrement, les produits nationaux devenus trop chers ne s’exportent plus et les touristes se détournent au profit d’autres destinations.
 
Ce phénomène brutal à l’époque du Florin ne pourrait cependant, plus se produire depuis que la Hollande fait partie de la zone Euro. De la même façon, l’utilisation du Franc CFA, commun aux 14 pays africains de l’UEMOA et de la CEMAC8 est une protection contre tout risque de surchauffe monétaire au  Sénégal.
Mamadou Fall Kane



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