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De la gestion des deniers publics et du devoir d’indignation


Rédigé le 25 Février 2020 à 19:57 | 0 commentaire(s) modifié le 27 Février 2020 - 14:25


(Equonet-Dakar) – Dans cette contribution, l’auteur, Guimba Konaté, revient sur la décision de Macky Sall, de suspendre l’achat de véhicules neufs compte tenu de leur coût énorme sur le budget national. A cet effet, il dénonce les rapports entre les décideurs et l’argent public.


Dans un accès d’indignation mêlé de colère retenue, le Président de la République a donc décidé de suspendre -jusqu’à nouvel ordre, tout achat de véhicules neufs par l’Administration sénégalaise. Tout simplement parce que le Chef de l’Etat vient de découvrir avec ahurissement les sommes astronomiques que dépensent les structures publiques et parapubliques pour l’achat de véhicules qui semblent être le chapitre budgétaire le plus malmené par nos « en haut d’en haut ». 122 milliards en six ans pour acheter des véhicules ! Cinq milliards par an pour les entretenir  Il fallait oser le faire et ils l’on fait !

C’est le lieu de dénoncer avec force les relations pathologiques que les décideurs sénégalais ont, dans leurs rapports avec l’argent public et s’en indigner vivement. Qu’est ce qui peut bien pousser un responsable d’une structure publique à consacrer autant d’argent à des véhicules ? La question mérite d’être posée tellement la pratique est devenue presque maladive chez nos dirigeants de tous bords. Voilà un pays parmi les plus pauvres du monde, où les dirigeants aiment se pavaner avec des voitures rutilantes et hors de prix que même les dirigeants des pays hyper nantis n’oseraient jamais se payer comme véhicules de fonction. La vidéo virale qui circule sur le Net et qui montre l’arrivée de la délégation présidentielle à la cérémonie de pose de la première pierre du stade du Sénégal à Diamniadio , nous laisse voir un cortège de plus d’une quarantaine de véhicules de très haut de gamme et dont le moins cher doit avoisiner les cinquante millions de Francs CFA.

Si la marque des véhicules d’une administration était un critère d’appréciation de son niveau de développement,  sûr que notre pays figurerait parmi les pays les plus développés du monde tellement on y prise les véhicules de marque !!!

La pratique est tellement consacrée qu’on ne s’étonne plus de voir un DG nouvellement nommé se payer un nouveau véhicule alors que celui de son prédécesseur dont il a hérité n’a pas encore bouclé ses trois ans d’usage. Terrible !! Des superstitions et autres raisons mystiques font que le sénégalais ne reprend jamais les équipements laissés par son prédécesseur. Du véhicule aux meubles de bureau et même de logement de fonction , tout est à changer. TOUT.

Ce qui est choquant c’est que ces équipements dont on ne veut pas, vont soit pourrir dans un coin obscur de la structure (garage, débarras..) soit vont être détournés vers d’autres destinations ( domicile personnel ou familial etc.)
C’est l’argent de l’Etat alors on y va à fond la caisse !! N’est-ce pas ?
 
Rien ne peut justifier cette propension presque maladive de nos dirigeants à vouloir coûte que coûte se doter de véhicules hors de prix si ce n’est le complexe du nouveau riche bien ancré dans le subconscient du pauvre type transfiguré par la magie d’un décret de nomination et qui se croit obligé d’afficher son nouveau statut par l’exhibition d’une carrosserie hors de prix. Juste pour flatter son  égo et en mettre plein la vue aux « autres » . Quel misérabilisme, Quelle pétitesse !!

Et comme dirait l’autre « yemougnou fofou deh » Ils vont encore plus loin dans la gabegie et le « je m’en foutisme » délibéré en s’octroyant deux, trois voire même quatre à cinq véhicules de service ou  de fonction à eux seuls. La présidente d’une Institution de la République épinglée pour avoir eu six véhicules de fonction à son usage exclusif n’est qu’un cas parmi des dizaines d’autres qui en font de même dans d’autres structures étatiques. Ils se reconnaitront. ET ils sont régulièrement épinglés par les structures de contrôle. Il se dit que le DG d’une société pétrolière actuellement en pleine zone de turbulences, se serait payé un véhicule personnel à plus de 80 Millions de nos pauvres CFA. On se pose la question de savoir comment on pourra faire de l’émergence avec de tels comportements irresponsables avec les deniers publics qu’on est chargé de préserver, d’économiser, de démultiplier, de rentabiliser,  bref de bien gérer?

On s’étrangle également d’indignation devant les frasques supposées d’un DG de structure de contrôle qui, moins de quatre mois après sa nomination, aurait dépensé pas moins de 147 millions de francs pour se payer deux -vous avez bien lu- DEUX véhicules . Alors que le véhicule de son prédécesseur devenu Ministre n’a même pas roulé trois ans . « Shocking » diraient les anglais. Tout cela sous l’œil impavide de son conseil de surveillance. Il fallait le faire. L’argent public est la chose la plus stipendiée dans ce pays. Sûr que si c’était son argent propre ou celui de la structure privée qu’il gérait, il y aurait regardé par deux fois avant de faire une telle folie dépensière. Mais bon, tant qu’il s’agit de l’argent public point de retenue. Pour « la gestion sobre et vertueuse », on repassera !!

Et si ,sur ce chapitre , l’Etat décidait tout bonnement de ne plus acheter de véhicules neufs à qui ce soit sauf aux ministres et Présidents des Hautes Institutions de la République et décidait d’octroyer des indemnités kilométriques aux autres ayant-droits qui couvriraient grandement les mensualités de paiement des voitures qu’ils se seraient payés eux-mêmes ? Sûr qu’ils allaient tous acheter des voitures de cylindrée modeste et les entretiendraient très bien pour ne pas avoir à les changer à tout bout de champ comme ils le font avec les budgets mis à leur disposition pour travailler et faire avancer leurs structures. Et ce serait tout bénéf pour l’Etat  

Sinon  ces comportements de prédateurs financiers de nos dirigeants -dénoncés régulièrement par toutes ls structures d’audit et de contrôle de l’Etat- ne sont pas prêts à disparaître tant que persistera  la logique de nomination politique et partisane au détriment de l’appel à candidature ouverte, loyale et bien menée à terme pour le choix de nos dirigeants à certains postes de haute responsabilité.  

Mais on ne peut pas toujours aussi leur jeter la pierre à ces dirigeants délinquants car ils sont TOUS en mission commandée « d’animation et de massification du parti » . Et à ce titre, ils usent et abusent des deniers publics mis à leur disposition non pas pour faire émerger leurs différentes structures mais plutôt pour embrigader et capter le maximum de militants pour le parti et se distinguer par une prodigalité sans borne avec l’argent public.

Sur ce chapitre, il est affligeant de noter pour s’en indigner fortement, la situation actuelle du groupe LA POSTE presque au bord de la banqueroute du fait susurre-t-on, de l’héritage calamiteux laissé  par le DG sortant à son successeur. La situation est telle que LA POSTE est dans l’incapacité actuelle de payer les pensions des pauvres retraités qui y ont domicilié leur compte. En effet, depuis plus d’une semaine, LA POSTE renvoie les retraités à l’IPRES au motif que celle-ci n’a pas encore viré les pensions. L’IPRES dément fortement et précise qu’elle a procédé au virement de toutes les pensions depuis le 14 février, c’est LA POSTE qui ne les a pas positionnées.

Devant cette situation de manque de respect notoire aux retraités, on peut se poser les questions suivantes .
-1/ Est-ce que l’IPRES a fait des virements scripturaires seulement à charge pour LA POSTE de payer  sur ses avoirs propres en attendant une prochaine régularisation croisée ? Auquel cas l’IPRES aura fauté. Car elle a une trésorerie saine pour supporter facilement ces opérations de virement des pensions.
-2/ Ou alors l’IPRES a effectivement accompagné ses virements des montants correspondants par chèque certifié et ce serait pire. Car cela voudrait dire que LA POSTE utilise l’argent des retraités pour son fonctionnement interne en attendant une éventuelle perfusion du Trésor pour régulariser. Ce qui serait extrêmement GRAVE.

En tout cas, il sied de faire la lumière sur cette situation alambiquée vécue par les retraités qui, non seulement ont des pensions modiques mais aussi peinent à les percevoir à temps pour survivre.  En tout état de cause, cette situation est INACCEPTABLE…

Pendant ce temps, comme dirait l’autre,  le supposé responsable en amont de tout cela se la coule douce dans un conseil d’administration après avoir cherché à « massifier et animer le parti » en pure perte parce que complètement laminé dans son fief lors des élections passées. Thiey Sénégal Quelle misère !

A quand la prise de conscience salutaire de nos dirigeants pour le respect de l’argent public par un comportement responsable dans son utilisation ?

INCHA ALLAH ..INCHA ALLAH… INCHA ALLAH..
 
DIEU nous garde et garde le Sénégal.     
 
Dakar le 25/02/2020                                                                                                               

 Guimba  KONATE
DAKAR
guimba.konate@gmail.com
Guimba Konaté/Contributeur




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