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​La fraude sur le tonnage organisée autour de la pêche


Rédigé le 26 Juin 2018 à 18:59 | 0 commentaire(s) modifié le 26 Juin 2018 - 19:06



En 2015, l’Ong Greenpeace publiait un rapport intitulé  « Arnaque sur les côtes africaines: la face cachée de la pêche chinoise et de ses sociétés mixtes au Sénégal, en Guinée et en Guinée-Bissau ». Un rapport qui démontrait comment  des navires de pêche se livraient à des déclarations frauduleuses sur le tonnage brut de leurs navires de pêche. 
 
Suite à la publication de ce rapport, les autorités compétentes étaient montées au créneau pour promettre une enquête diligente pour situer les responsabilités. Depuis lors, silence radio et le pillage de nos côtes continue de plus belle.
 
La fraude sur le tonnage brut des navires de pêche cause un préjudice incommensurable au Sénégal mais il semble que cela n’émeut guère les autorités, qui devraient y mettre un terme. Car en sous déclarant le tonnage brut de leurs navires de pêche, ces compagnies privent les États côtiers d’importants revenus financiers et compromettent tout espoir de gestion durable et équitable des pêcheries dont la situation est déjà très préoccupante.
 
Nos pêcheurs artisans ne cessent de se plaindre de leurs maigres prises ainsi que des coûts et  charges de travail élevés, incapables de faire face à la concurrence des navires industriels.Pourtant l’État devrait accorder une importance primordiale au secteur de la pêche en ce sens qu’il constitue un élément essentiel  dans l’ activité économique du  Sénégal. Non seulement  il contribue pour environ 2% au Pib est également grand pourvoyeur  de devises du Sénégal.
 
Il génère plus de 600 000 emplois directs et induits dont 94% sont fournis par la pêche artisanale et 1 600 000 à 2 000 000 de personnes sont dépendantes du secteur. La pêche joue un rôle capital dans l’alimentation des populations car elle  satisfait 70% des besoins en protéines d’origine animale des consommateurs au Sénégal.
 
 La pêche artisanale dont l’importance n’est plus à démontrer  occupe une place prépondérante dans le secteur de la pêche tant sur le plan captures que sur le nombre d’emplois créés,  elle  est un sous -secteur stratégique pour l’économie et la sécurité alimentaire du Sénégal. Elle assure les 80% des mises à terre. 
 
Malheureusement  elle est actuellement plongée dans une crise sans précédent dans un contexte de raréfaction du poisson causé surtout par le pillage éhonté de nos ressources halieutiques par les navires étrangers avec la complicité des autorités.
 
Sinon comment comprendre le fait que trois ans après les révélations de Greenpeace sur l’existence d’une fraude sur le tonnage brut de certains navires de pêche industrielle battant pavillon sénégalais, l’Administration traîne encore les pieds.
 
Les mesures annoncées par l’Agence Nationale des Affaires Maritimes (Anam), suite à l’enquête interne diligentée par le Ministère des Pêches et de l’Économie maritime, ne sont toujours pas totalement mises en œuvre. Du coup, le pillage des ressources halieutiques continue.
 
Pourtant dans  un entretien accordé au quotidien L’AS du  vendredi 15 avril 2016, l’ex Directeur de l’Anam, Mamadou Thioub, annonçait que le ministre Oumar Gueye avait ordonné, pour couper court à toute suspicion, à ce que tous les navires de pêche battant pavillon sénégalais soient jaugés à nouveau.
 
L’opération devait concerner 126 navires à l’époque.En juillet 2016, l’appel d’offre pour le re-jaugeage des navires est publié dans la presse.  Ainsi, 3 sociétés étaient  sélectionnées pour procéder au re-jaugeage des navires. Il s’agissait du  Bureau Veritas, de Korean Register  et du International Register Shipping.
 
Ce re-jaugeage était une obligation des navires pour obtenir la licence de pêche pour l’année 2017.  Le délai pour les navires de disposer de leur nouveau certificat de jauge était fixé au 31 décembre 2016. Curieusement, une seule société, en l’occurrence, le Bureau Veritas, effectue le re-jaugeage. Qu’en est-il des deux autres? L’expertise locale sera une fois de plus zappée. En 2017, la liste des navires autorisés à pêcher dans les eaux sénégalaises est publiée.
 
Aucun changement dans le tonnage des navires n’y est noté. Les engagements pris par les autorités ne sont manifestement pas respectés. Veritas qui était chargé de faire jaillir la vérité ne l’a, à ce jour pas encore fait. Autre bizarrerie, l’État sénégalais qui brade ses ressources halieutiques fait les yeux doux à la Mauritanie pour qu’elle signe des accords permettant aux pêcheurs sénégalais d’aller pêcher dans ses eaux.
 
Alors que la logique voudrait qu’elle assure une gestion saine et transparente de ses eaux aussi poissonneuses que celles de  son voisin. Et cela aurait eu le mérite d’éradiquer les affrontements récurrents entre pêcheurs sénégalais et mauritaniens,  qui, souvent,   se soldent  par  des pertes humaines.



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