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​Lait contaminé: Le PDG de Lactalis évoque un "accident"


Rédigé le 7 Juin 2018 à 17:18 | 0 commentaire(s) modifié le 7 Juin 2018 - 17:34



Entendu jeudi à l’Assemblée par la commission d’enquête parlementaire sur la gestion de cette affaire par le groupe laitier, Emmanuel Besnier a évoqué un « accident ».

C’est une audition à laquelle le PDG de Lactalis avait tout fait pour se soustraire, jusqu’à en contester la légitimité par voie d’avocats. Mais Emmanuel Besnier a finalement dû répondre, jeudi 7 juin, à l’Assemblée nationale, aux députés de la commission d’enquête parlementaire chargée de comprendre pourquoi, fin 2017, quarante-et-un bébés sont tombés malades après avoir bu du lait infantile contaminé aux salmonelles produit dans son usine de Craon (Mayenne).

« Allez-vous continuer avec vos conseils à essayer de torpiller cette commission ? », a lancé son président, Christian Hutin, député du Nord (Nouvelle Gauche), précisant qu’en son sein, « nul n’a intérêt à porter préjudice à ce groupe » et qu’il faut « au contraire restaurer la confiance des consommateurs ». M. Besnier invoquait l’existence simultanée d’une enquête judiciaire pour réclamer l’arrêt des travaux de la commission.
 
Une ambiance tendue

Dans une lettre adressée fin avril à la garde des Sceaux, ses avocats demandaient à Nicole Belloubet de saisir le président de l’Assemblée nationale, François de Rugy, pour qu’il interrompe les travaux de la commission, qui portaient, selon eux, « une grave atteinte à l’indépendance de l’autorité judiciaire, aux droits de la défense, au secret et plus généralement aux nécessités de l’enquête ». En vain.
 
M. Besnier a donc dû s’expliquer pendant deux longues heures, flanqué de trois adjoints, dans une ambiance tendue. Il a notamment essuyé les critiques de plusieurs élus pour ne pas avoir reçu les familles touchées par cette affaire sanitaire qui n’a entraîné aucun décès. « Nous n’avons pas pu les rencontrer car nous sommes dans une procédure judiciaire », s’est-il justifié.
 
La discrétion légendaire du groupe de Laval, qui n’est pas coté en Bourse, ne publie pas ses comptes et cherche à préserver l’anonymat médiatique de son patron ? « Le groupe Lactalis est différent de l’image qu’on veut lui attribuer », a-t-il répondu, en expliquant que cette discrétion – assumée de l’entreprise – est « liée à [sa] personnalité ». « Certains veulent transformer cette discrétion en opacité, c’est une erreur », a-t-il plaidé.
 
« Il ne s’agit absolument pas d’une fraude »
 Lire le portrait :   Le PDG de Lactalis, Emmanuel Besnier, un homme taiseux contraint de sortir de l’ombre
 
« Je renouvelle mes excuses auprès des familles des bébés malades, de celles qui se sont inquiétées, a-t-il déclaré en préambule. Nous avons failli à notre mission, nous n’aurons jamais assez de mots pour nous excuser. »
 
Mais pour le patron de Lactalis, arrivé à la tête du numéro un mondial des produits laitiers en 2000, « il ne s’agit absolument pas d’une fraude » car l’entreprise n’a pas cherché à dissimuler la contamination de ses produits. Malgré 16 000 analyses réalisées en 2017 avant la première alerte du 1er décembre, « nous n’avions pas connaissance de présence de salmonelle dans nos produits », a-t-il assuré.
 
M. Besnier qualifie les événements d’« accident » et réaffirme qu’« il n’y a pas de responsabilité de personnes à l’intérieur de l’usine ». C’est lors de la réalisation de travaux au premier trimestre 2017 que la salmonelle à l’intérieur des bâtiments a été libérée, a-t-il redit. S’il refuse de « se défausser » sur d’autres, le patron de Lactalis s’est néanmoins interrogé sur la responsabilité du laboratoire extérieur : pourquoi n’a-t-il détecté aucunes traces de salmonelle sur les produits « alors qu’en refaisant des tests sur les échantillons après la crise, il s’avère que quelques produits étaient positifs » ?
 
 
Autre critique : le retrait des produits a été mal organisé et s’est fait en trois temps entre le 2 décembre et le 12 janvier. Une défaillance de plus, même si aucun nouveau nourrisson n’a été contaminé dans cet intervalle, a précisé le PDG. Des élus n’ont pas manqué de rappeler que Craon avait déjà connu de graves problèmes en 2005, alors que l’usine n’appartenait pas encore à Lactalis : une épidémie de salmonellose avait alors frappé 146 bébés, selon l’Institut Pasteur.
 
La relance du site dénoncée par des associations
La tour numéro 1, déjà incriminée il y a treize ans, a été fermée et l’entreprise a, selon M. Besnier, « revu l’ensemble des plans de maîtrise sanitaire », dans l’usine mayennaise comme dans ses autres sites. Cette fois, des laboratoires publics ont été sollicités pour assurer tests et contrôles sur des produits.
 

 
 

Après le feu vert des autorités sanitaires, l’usine de Craon a redémarré fin mai pour des tests, mais aucune de ses productions n’est mise sur le marché. « Ce n’est que quand on estimera que les risques sanitaires sont maîtrisés que la commercialisation sera envisagée », indiquait alors la Direction générale de l’alimentation, qui dépend du ministère de l’agriculture. Il s’agit pour l’heure de produits pour adultes et ce n’est que dans un second temps, et après de nouveaux tests, que du lait infantile sera commercialisé.
 
Des associations n’en dénoncent pas moins la relance du site, où les effectifs ont été réduits de moitié. Foodwatch, qui a déposé plainte en février avec des familles, relève que la justice ne s’est pas encore prononcée et que les parlementaires n’ont pas achevé leur travail d’enquête. Lactalis, l’Etat et la grande distribution n’ont pas, selon elle, fourni de « garanties solides sur la sécurité sanitaire ». Comme bien des députés, l’association s’interroge, notamment, sur la pertinence des autocontrôles réalisés par le géant des produits laitiers. La transparence et la fiabilité des contrôles seront au cœur du rapport de la commission d’enquête, qui doit remettre son rapport et ses recommandations en juillet.

Après le feu vert des autorités sanitaires, l’usine de Craon a redémarré fin mai pour des tests, mais aucune de ses productions n’est mise sur le marché. « Ce n’est que quand on estimera que les risques sanitaires sont maîtrisés que la commercialisation sera envisagée », indiquait alors la Direction générale de l’alimentation, qui dépend du ministère de l’agriculture. Il s’agit pour l’heure de produits pour adultes et ce n’est que dans un second temps, et après de nouveaux tests, que du lait infantile sera commercialisé.
 
Des associations n’en dénoncent pas moins la relance du site, où les effectifs ont été réduits de moitié. Foodwatch, qui a déposé plainte en février avec des familles, relève que la justice ne s’est pas encore prononcée et que les parlementaires n’ont pas achevé leur travail d’enquête. Lactalis, l’Etat et la grande distribution n’ont pas, selon elle, fourni de « garanties solides sur la sécurité sanitaire ». Comme bien des députés, l’association s’interroge, notamment, sur la pertinence des autocontrôles réalisés par le géant des produits laitiers. La transparence et la fiabilité des contrôles seront au cœur du rapport de la commission d’enquête, qui doit remettre son rapport et ses recommandations en juillet.



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