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Francophonie numérique - Éric Adja : "créer un espace de confiance"


Rédigé le 15 Octobre 2015 à 12:41 | 0 commentaire(s) modifié le 18 Octobre 2015 - 15:13


Ecofinance.sn (Dakar) - Lors de la XIVe Conférence des chefs d'État et de gouvernements ayant le français en partage d'octobre 2012, à Kinshasa, a été élaborée une stratégie de la francophonie numérique. Objectif : faire des technologies de l'information et de la communication (TIC) un moteur de croissance dans l'espace francophone, et promouvoir la diversité dans l'économie numérique mondiale. Quel est le potentiel de l'économie numérique en Afrique francophone, comment développer une stratégie globale en matière d'innovation au sein de cet espace hétéroclite ? Sur tous ces points, l'éclairage d'Éric Adja, directeur de la Francophonie numérique. Ecofinance.sn le reprend pour vous.


Francophonie numérique - Éric Adja : "créer un espace de confiance"
Interview

Le Point Afrique : Que signifie l'expression « francophonie numérique » ?


Éric Adja : La francophonie numérique recouvre deux aspects. Le premier est relatif aux contenus francophones sur Internet. Il nous paraît important d'assurer la présence de l'espace linguistique et économique francophone au sein du cyberespace, face à un certain monopole anglophone et au risque d'uniformité de la pensée. Il s'agit de marquer la diversité, qui est une des caractéristiques de l'espèce humaine. Le second aspect de la francophonie numérique est institutionnel et lié à la stratégie numérique de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) adoptée en 2012 à Kinshasa, en RD Congo.


Quels sont les principaux axes de développement de l'économie numérique à travers l'espace francophone ?


Dans les pays du Nord, l'économie numérique se développe plus largement à travers le commerce électronique, car le cadre réglementaire a été mis en place dans ce secteur. Dans les pays du Sud, on voit davantage d'initiatives qui répondent aux  préoccupations concrètes des populations, par rapport à l'eau, à l'électricité, à l'accès à la santé dans les zones rurales. On voit aussi que certains pays ont pris le virage du numérique de façon spectaculaire et qu'Internet a un impact direct sur la vie quotidienne des citoyens, avec, par exemple, les paiements par téléphone. Le Rwanda, en particulier, est en avance par rapport à l'utilisation et à la promotion du numérique sur le territoire. Le pays a élaboré des politiques nationales qui renforcent l'adhésion rapide des populations aux stratégies mises en place, par exemple, dans le secteur des télécoms.


S'agit-il avant tout de volonté politique ? 

La volonté politique est première et joue un rôle de catalyseur face au dynamisme des jeunes si on veut transformer le numérique en levier de croissance économique.


Comment voyez-vous le développement de l'économie numérique en Afrique francophone ? 

Il faut vaincre plusieurs obstacles. Le premier réside dans les investissements ; il faut créer un espace de confiance pour rassurer les banques. Ensuite, il y a les infrastructures, avec encore des disparités en matière de bande passante et de connectivité. Il y a aussi l'accès à l'énergie et le manque d'investissements dans le secteur électrique. Enfin, la question de la stabilité politique. Sur ce point, on observe des progrès et cela va de pair avec une jeunesse dynamique et de mieux en mieux formée.


Quels types de partenariats pourraient le mieux soutenir l'innovation en Afrique francophone ?


Le partenariat public/privé est la priorité pour soutenir les jeunes entrepreneurs locaux. Les mécènes locaux et les chambres de commerce et d'industrie ont un rôle à jouer. Quant aux banques, nous avons un problème de surliquidité dans la zone Uemoa (Union économique et monétaire ouest-africaine). Les établissements bancaires rechignent à prendre des risques avec les jeunes entreprises innovantes qui présentent pourtant un fort potentiel. Comment faire ? Il faut créer les conditions pour rassurer les banques, mettre en place des fonds de garantie, améliorer la cybersécurité et la protection des données personnelles, de façon à réduire le risque pour les investisseurs, et faire en sorte que ce soit profitable pour tous.


Comment l'OIF intervient-elle ? 

La stratégie économique définie par les chefs d'État en 2014 au Sommet de Dakar a donné mandat à l'OIF pour accompagner les États dans la prise en compte des jeunes talents, ce qui revient à pouvoir mieux les détecter, et à encourager l'élaboration de politiques publiques. En tout, l'OIF s'est dotée de trois stratégies : numérique, économique et jeunesse, ce qui permet d'avoir une approche globale, le numérique étant une source potentielle d'emplois pour les jeunes et de développement économique. 
En ce qui concerne nos actions, la secrétaire générale de l'OIF, Michaëlle Jean, a lancé un Fonds francophone pour l'innovation numérique (FFIN). Doté de 500 000 euros pour sa phase pilote, il a notamment permis à des centaines de jeunes développeurs sélectionnés dans cinq pays (Bénin, Sénégal, Gabon, Maroc, Haïti) de se réunir au Gabon autour d'un hackathon. L'objectif était de développer des applications liées à la gestion des déchets, à l'agriculture urbaine ou à l'habitat écologique. Les lauréats participeront à la Conférence sur le climat de l'ONU à Paris, la COP21. Nous disposons aussi d'un fonds de 10 millions de dollars canadiens alloués par le gouvernement canadien, auxquels le Gabon a ajouté 1 million de dollars, et qui vise à soutenir l'entrepreneuriat des jeunes et des femmes. Par ailleurs, nous avons lancé un Forum francophone de l'innovation qui est une plateforme d'échange collaborative où la jeunesse francophone peut trouver des partenaires et des ressources. Enfin, nous essayons de voir comment le financement participatif pourrait être un des leviers de l'innovation en Afrique. Nous sommes en discussion avec l'organisme de microcrédit solidaire Babyloan, qui pourrait déboucher sur la création d'une plateforme où les jeunes entrepreneurs pourraient présenter leur projet en ligne. Nous voulons nous inscrire dans une francophonie des solutions numériques.

 

 
Propos recueillis par Agnès Faivre (Le Point Afrique)



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