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L’affaire Diary Sow et la question des bourses d’excellence


Rédigé le 21 Janvier 2021 à 17:02 | 0 commentaire(s) modifié le 25 Janvier 2021 - 11:41


(Equonet-Dakar) - «L’affaire Diary SOW» est démontre tout l’échec patent de la politique des bourses d’excellence telle que pratiquée par notre pays depuis plus de soixante ans.


Ce qu’il est convenu d’appeler «L’affaire Diary SOW» du fait de la disparition jusque-là mystérieuse de celle qui avait été classée meilleure élève du Sénégal deux ans de suite n’en continue pas d’agiter toute la blogosphère sénégalaise.

Au-delà de l’émotion , de l’anxiété et du désarroi légitimes qui frappe tous les sénégalais dans cette épreuve très éprouvante pour les nerfs, les cœurs et les esprits de tous ceux qui suivent le développement de cette situation et prient pour son dénouement heureux ; cette affaire aura démontré s’il en était encore besoin tout l’échec patent de la politique des bourses d’Excellence telle que pratiquée par notre pays depuis plus de soixante ans.

Cette affaire fait écho à notre article intitulé ; « Les bourses d’Excellence ou le complexe du colonisé » que nous avions fait publier les 16/9 /2020 dans divers sites et journaux de la place suite à la lettre d’information du Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche relative à la mise à disposition de bourses d’Excellence à nos meilleurs élèves pour des études supérieures en France. Je m’étranglais d’incrédulité de constater que plus de soixante ans après notre souveraineté internationale, nous en sommes toujours à envoyer nos enfants étudier en France. Snobant du coup Nos universités et autres Grandes écoles nationales qui ne seraient pas « dignes » de recevoir ces pépites nationales pour les former. Un véritable complexe du colonisé m’écrias-je dans mon article .

En effet , j’écrivais textuellement : « … il devient quand même dégradant que jusqu’en 2020, on continue à envoyer nos meilleurs élèves en France pour se former. Qu’est-ce à dire ? Que nos Universités nationales notamment l’UCAD sont NULLES et ne méritent pas d’accueillir nos têtes d’œufs ? Alors, autant les fermer TOUTES. Pourtant malgré toutes les insuffisances matérielles criardes et autres manquements structurels, nos Universités continuent nolens volens, à performer dans le concert des Universités africaines avec les succès probants de nos enseignants aux différents concours d’agrégation et de professorat du CAMES et de nos étudiants aux concours d’éloquence et de plaidoiries à travers le monde. « Si la petitesse des moyens, …et l’immensité des résultats sont les mesures.. » de la performance pour dévaliser Lamartine, nos Universités ont très bonne allure.  Alors où se situe le problème ? Pourquoi ne peut-on pas orienter nos meilleurs élèves dans nos Universités pour qu’ils y soient formés par des professeurs émérites ? Pourquoi encore et toujours la France ? Le complexe du colonisé va nous tuer. BILLAHI. » Et pourtant tous nos cadres de haut niveau (inspecteurs des finances, des douanes, du Trésor, journalistes, militaires, Professeurs d’Université , médecins , commissaires de police et autres diplomates de haut niveau que nous envient et nous arrachent nombre d’institutions internationales , ont été bel et bien formés « intra-muros» pour la plupart d’entre eux.

Dès lors, n’est-il pas temps de revoir tout le système des bourses d’Excellence ?  

Dans cette perspective, il me semble impératif de changer de paradigmes en la matière. En effet, ces jeunes cracks fort méritants au demeurant, sont pour la plupart issus de milieux paysans très défavorisés et ne connaissent même pas bien DAKAR pour nombre d’entre eux. Alors, vouloir avec les bourses d’Excellence, les envoyer dans les « villes cruelles » de France et de Navarre, c’est justement les exposer à vivre des aventures plus qu’ambigües qui risquent de les marquer à vie. C’est pourquoi, beaucoup d’entre eux, désorientés, déboussolés dans ces milieux hostiles, échouent dans leurs études premières. 
 
 
Au regard de ce que nous vivons actuellement, Je peux sans risque de me tromper avancer que c’est ce qui est arrivé à notre Diary nationale. Esseulée, déboussolée, stressée devant tant de défis à relever dans un milieu étranger pour ne pas dire étrange pour elle, elle a dû traverser une période de « burn-out » et a décidé de tout plaquer pour se retrouver. Souhaitons-lui de nous revenir rassérénée et plus légère pour la suite de ses études. AMINE.

Cette affaire met au goût du jour une autre fausse théorie qu’on voudrait faire prospérer et qui ne se vérifie pas toujours. Avoir été meilleure élève au lycée ne présage pas d’être meilleure à l’Université .
Dans notre cursus scolaire, il nous est arrivé à tous d’avoir eu à côtoyer des camarades de promotion ou d‘écoles simplement qui ont été très bons au cycle primaire et très moyens au lycée. Ou d’autres qui ont été très brillants au lycée et qui deviennent passables voire médiocres au Supérieur. Comme on en voit d’autres, moyens voire très besogneux au lycée et qui « se réveillent » à l’Université trustant les mentions. Comme quoi, ce n’est pas une vérité absolue de penser qu’on est forcément bon  toujours et partout. Tant de facteurs entrent en ligne de compte pour la réussite dans les études dont le moindre n’est pas l’environnement familial sain et serein.  

C’est pourquoi, plutôt que de persister dans cette voie sans issue de bourses d’excellence à l’étranger qui consiste à allouer des pécules mensuels de l’ordre de quatre cent cinquante mille (450.000) francs CFA par étudiant (Moïse SARR dixit). Ce qui coûte à  l’Etat du Sénégal au moins cinq millions de F.CFA par an et par étudiant  (Voir Emile Bakhoum in L’OBS du 11 septembre 2020 page 5) ;  il serait plus intéressant d’instituer des bourses Nationales d’Excellence pour des montants par exemple de 100. 000 Francs par mois et la garantie d’une chambre d’étudiant d’office, pour ces gros cerveaux et les maintenir à DAKAR et dans nos Universités du moins pour le premier et le second cycles de leur formation jusqu’au niveau Master2. Ensuite s’ils continuent à performer, on pourra toujours leur octroyer des bourses d’excellence du 3ème cycle  pour le Doctorat ou l’Agrégation. Cela aura l’avantage de parfaire la formation de ces cracks encore adolescents, dans le contexte sénégalais et dans leur milieu familial et social, de maintenir ces gros cerveaux dans nos amphi pour servir de tête de file à la cohorte de leurs camarades vers la performance et surtout de permettre à l’Etat de faire des économies d’échelle sur les bourses et être en mesure d’augmenter la population des boursiers nationaux. Enfin, la bourse d’excellence du 3ème cycle aura l’avantage d’envoyer à l’étranger des adultes assez bien équilibrés et bien trempés dans «la sauce sénégalaise» et à même de pouvoir bien se mouvoir dans les pays d’accueil sans trop de problèmes d’adaptation.  Car n’oublions pas que dans un pays comme le nôtre, où des adultes de plus de trente ans restent très souvent encore de grands enfants toujours sous couvert de Papa et Maman, un jeune bachelier d’à peine vingt ans demeure encore un adolescent très fragile sur les plans physique et psychologique pour affronter avec succès les rigueurs de l’étranger. Ils sont nombreux très nombreux, nos jeunes qui se sont noyés dans les abysses des amphithéâtres français et étrangers.  

C’est pourquoi, l’affaire dite de « Diary SOW» aura fini de nous édifier s’il en était encore besoin de l’urgence du changement de démarche dans cette politique de bourses d’Excellence de notre pays. Il faut espérer que la leçon sera retenue et suivie d’effets immédiats pour que notre  élite soit, à partir de maintenant et jusqu’à dorénavant, formée chez nous par Nous et pour Nous.
DIEU Nous garde, garde le Sénégal et garde l’Afrique.
 
Dakar le 20/01/2021 
Guimba  KONATE
DAKAR
guimba.konate@gmail.com
Guimba Konaté



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