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Moyens de paiement en Afrique de l’Ouest : rappelle sur l’évolution du troc au billet de banque et de la pièce de monnaie


Rédigé le 29 Août 2018 à 18:13 | 0 commentaire(s) modifié le 13 Septembre 2018 - 14:08

Massamba Ndakhté Gaye
Ndakhté M. GAYE est un journaliste d'investigation engagé dans le suivi citoyen des obligations... En savoir plus sur cet auteur


(Ecofinance.sn – Dakar) – Dans sa présentation du musée de la monnaie, la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) a accordé une place importante à l’histoire des moyens de paiement en Afrique de l’Ouest. Ecofinance.sn revient en intégralité sur cette présentation.

Pour se remémorer le troc, une place importante a été faite aux anciens moyens de paiement qui se déclinent en denrées, métaux et poids à peser l’or. Le troc était abondamment pratiqué par les populations africaines depuis l’antiquité jusqu’au XIXème siècle. Dans le Sahel, par exemple, il a mis en relation les populations nomades du nord, fournisseuses de produits pastoraux et de cueillette (dattes, pains, sel, plumes d’autruche) et les populations agricoles du sud qui offraient les produits agricoles (mil, haricot, arachide, sorgho, etc.).

Ces échanges ont engendré le commerce trans-saharien qui a été à l’origine du rayonnement de villes telles que Tichitt, Chingueti et Agadez (en Mauritanie et au Niger).

Les poids akan à peser l’or, créés au XIIIème siècle, ont subsisté jusqu’au XIXème siècle.  Composés de poids non figuratifs (objets de forme géométrique), de poids figuratifs (objets anthropomorphe, zoomorphe, etc) et de poids dans la société (objets usuels sous formes de cuillère à café, de barrettes, de bagues, de boucles d’oreilles), les poids akans à peser l’or, savamment étudiés par le Pr NIANGORAN-BOUAH G. (NIANGORAN-BOUAH G. (1984), L’univers akan des poids à peser l’or, Paris, 3 volumes), rendent compte d’un système pondéral qui a joué très souvent, hormis sa fonction première de système pondéral, les fonctions d’alphabet, de proverbes, de dictons, de devises que les initiés akans (Les Akans sont un groupe communautaire subdivisé en plusieurs sous-groupes dont les Baoulés, les Ashantis, les Agnis, les Fantis, les Ebriés qui vivent dans le sud-Est de la Côte d’Ivoire, le Sud-Ouest du Ghana et le Sud du Togo) savaient bien décrypter.

Cette situation va évoluer avec la naissance du billet de banque et de la pièce de monnaie.

En guise d’information, il conviendrait de préciser que le Franc date du 14 ième siècle. Il a été créé en 1360 par le Roi Jean II le Bon de France. Il conviendrait de préciser aussi que les billets monophasés et monochromes sont émis par la Banque du Sénégal (créée en 1853) et mis en circulation à partir de 1855.

Pour illustrer le mandat de cette banque, notons que le billet de 500 F, type 1874 est imprimé en noir sur fond crème. Il porte, sur le bord droit, debout et drapée, une image de Mercure, dieu du commerce et des voyageurs, symbole de la fortune. Sur le bord gauche, toujours debout et drapée, trône Minerve, déesse de la sagesse. En haut, perchent deux perroquets dans des feuillages et, en bas, se reposent quatre angelots, symbolisant l’avenir et l’abondance.

Cette banque a émis quatre (4) coupures : 5 F, 25 F, 100 F et 500 F.

Ces billets, précurseurs des signes monétaires modernes vont, en 1901, céder la place aux billets bifaces et polychromes de la Banque de l’Afrique Occidentale (BAO). Cette institution a émis sept (7) coupures : 5 F, 10 F, 25 F, 50 F, 100 F, 500 F et 1.000 F. Les billets de la gamme 1901-1920 portent deux inscriptions : au recto, les inscriptions (valeur faciale, signature, numéro et millésime) sont faites en français et, au verso, elles sont faites en ajami (transcription d’une langue locale, ici le wolof, langue parlée au Sénégal, en caractères arabes).

Les billets de la gamme 1942 ressemblent au dollar américain. Ils ont été fabriqués à Philadelphie (aux Etats-Unis d’Amérique), notamment les coupures de 5 F, 100 F, 500 F et 1.000 F, et à l’imprimerie du Ruisseau en Algérie, en ce qui concerne celle de 50 F, à cause des évènements de 1939-1945.

La BAO verra aussi l’avènement du Franc des Colonies Françaises d’Afrique devenu plus tard Franc de la Communauté Financière Africaine : FCFA. A l’origine, la parité était de 1 F CFA = 1,70 franc français avant d’atteindre la forte côte de 1 FCFA = 2 Francs français en 1948. La gamme 1955 innove quant à elle à travers la dimension des billets mais aussi, et surtout, la qualité du rendu des couleurs et la diversification de la thématique où les sujets relatifs à la famille, à la guerre, à l’amour, à la beauté de la femme africaine et à la religion servent d’éléments iconographiques aux billets. Vers la fin du mandat de la BAO, les pièces de 5 F, de 10 et de 25 FCFA feront leur apparition, mettant en évidence la République coiffée de son bonnet phrygien.

Après plus de cinquante-cinq ans d’activités (1901-1955), la BAO a été remplacée par l’Institut d’Emission de l’Afrique Occidentale Française et du Togo. Cet institut d’émission, né de la volonté de faire désormais battre monnaie par un établissement public a émis quatre (4) coupures : 50 F, 100 F, 500 F et 1.000 F. Tous ces billets sont aujourd’hui démonétisés.

Enfin, toutes les gammes émises par la BCEAO, de 1962 à nos jours, sont exposées au musée de la monnaie. Il s’agit des billets de 50 F, 100 F, 500 F, 1.000 F, 2.500 F, 5.000 F et 10.000 F suivant quatre types : 1961/1962, 1976/1981, 1991/1994 et 2003.

Concernant la thématique, il conviendrait de mentionner qu’il a été développé, sur l’ensemble des billets, de 1855 à 2003, une gamme variée de thèmes qui ont trait à l’artisanat, à l’art, à la pêche, à la chasse, à l’agriculture, à l’école, à la santé, à la faune, à la flore, aux moyens de transport, au commerce, à la mythologie, à l’industrie, à la beauté féminine, à la famille, à l’amour, aux religions, à l’effort de guerre, aux grandes figures politiques, artistiques, aux nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), etc.

En dehors des billets de la zone Union monétaire ouest africaine (UMOA), le Musée de la Monnaie de la BCEAO s’est enrichi de l’apport de l’ex Banque Centrale du Mali, de celui de la Banque Nationale de la Guinée Bissau et de la Banque Centrale de Guinée Bissau (BCGB) à la suite de l’adhésion de ce pays à l’Union en 1997.

Ouverte à toutes les banques centrales du monde, avec lesquelles elle échange des spécimens de billets, la BCEAO a consacré une zone aux monnaies du reste du monde (ça fera l’objet d’une autre publication).

Source : Bceao
 
 



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