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Start-up africaine de la semaine : la méthode Founder Institute à la conquête de Tunis


Rédigé le 19 Août 2016 à 17:04 | 0 commentaire(s) modifié le 23 Août 2016 - 18:20


Ecofinance.sn ( Dakar) - Une ancienne de l'Institut des hautes études commerciales de Carthage (IHEC) a ouvert la première branche africaine du fameux Founder Institute californien. Reportage.


Start-up africaine de la semaine : la méthode Founder Institute à la conquête de Tunis
Emna Ghariani débite les phrases à la vitesse d’une mitraillette, ce qui lui donne des airs de général en guerre. En guerre pour imposer en Tunisie une vision 2.0 de l’entrepreneuriat. Pour cela, l’ancienne étudiante modèle de l’IHEC (Institut des hautes études commerciales à Carthage) à une arme de conviction massive : le Founder Institute (FI).

Le Founder Institute est un incubateur de start-up créé en 2009 dans la Silicon Valley pour répondre à la crise financière de 2008. Il est devenu l’accélérateur de projets innovants parmi les plus répandus au monde avec une présence dans une quarantaine de pays et la création de 2 000 entreprises.

L’Afrique était jusqu’à la fin 2015 le parent pauvre. C’est Emna Ghariani, l’enfant de La Marsa (nord-est de Tunis), qui a ramené FI sur le continent, avec une première session l’hiver dernier à Tunis. Depuis, un autre bureau a vu le jour en Côte d’Ivoire et une ouverture au Maroc est envisagée.

“Pas là pour créer le commerce du coin de la rue”

Si la Tunisie est la tête de pont du Founder Institute en Afrique, elle le doit à sa responsable. En 2012, l’étudiante de l’IHEC part en échange à l’université de l’Arkansas. Celle qui s’est auto-proclamée nerd se découvre alors une mission : « ramener le savoir-faire de l’école américaine en Afrique, et avant tout en Tunisie. »

Si les incubateurs de start-up sont nombreux y compris en Afrique et en Tunisie – à l’image de Wikistartup – FI propose des sessions de 14 semaines qui ne se cantonnent pas à des simples formations.

La création de la start-up est inclus dans le programme, entre la 5e et 6e semaine, mais ce n’est qu’une étape parmi d’autres. Les candidats sont choisis après une série de tests de personnalité. « Nous ne jugeons pas l’idée de départ du candidat mais sa capacité à devenir un vrai entrepreneur. Nous ne sommes pas là pour créer le commerce au coin de la rue », assume Emna Ghariani.

Lors de la première session (novembre 2015 à février 2016) : 140 candidats se sont présentés, 76 ont été sélectionnés et seuls 7 ont créé leurs entreprises. La seconde cohorte qui se finit en septembre a vu l’intégration de 35 candidats sur 112.


Le programme se divise en quatre étapes : l’idée et son développement, la création de la société, le développement et la distribution, puis enfin la levée de fonds.

La base de la formation est le « pitch », ce fameux petit discours calibré visant à convaincre l’interlocuteur (client, financeur, consommateur, etc…). Noté sur 5, les notes vont rarement au-delà de 3. « Les gens en Tunisie ont besoin de structure, non pas qu’on leur dise qu’ils sont les meilleurs », explique Emna Ghariani.

Ces “pitch” se font en anglais, en ligne avec la pensée globale promue dont le FI fait un principe de base. Ici, les participants sont invités à penser une idée pour le marché continental, régional (le Moyen-Orient et Afrique du Nord) ou mondial, et pas moins.

Les sessions sont les mêmes dans tous les FI du monde entier et les bénéficiaires peuvent aller de l’un à l’autre. Tout au long de leurs travaux qui s’effectuent en équipe, les bénéficiaires du FI reçoivent l’aide des mentors prestigieux. Pour la première session tunisienne, ce fut Chris Barton, co-fondateur de Shazam, le logiciel de reconnaissance musicale, et Jeff Bonforte, un haut responsable chez Yahoo!.

Les cours ont lieu en soirée pour permettre aux candidats de travailler à côté mais le rythme, très soutenu, avec quatre heures par jour auxquelles s’ajoutent des travaux de recherche, en épuisent plus d’un. « C’est un vrai programme militaire, les retours sur les ‘pitch’ peuvent être très cassants, résume Ahmed Baati, l’un des rares diplômés de la première session. J’ai recommandé la seconde session à des amis mais ils ont abandonné. Ils pensaient que c’était davantage un programme de formation. » Lui met l’accent sur l’aspect « famille » créé par FI. Les participants de la première promotion continuent de se rencontrer régulièrement.

Founder Institute dans le capital des start-up

Un fonctionnement familial jusque dans son financement. Contrairement à d’autres incubateurs, l’admission n’est pas hors de prix, 475 dollars, à payer toutefois en devises, pour 14 semaines (contre plusieurs centaines d’euros par jour chez Wikistartup). En contre-partie de ce coût modique, chaque créateur d’une start-up passé par les bancs de FI s’engage à céder à titre gracieux 3,5% de son capital à l’institut.

De plus, si la société créée durant la session reçoit une montant « significatif » de financement par un tiers (business-angels, capital-investisseur), FI s’autorise à demander 4 500 dollars supplémentaire au fondateur, au titre de son développement.

Une politique qui peut faire grincer des dents : « Ça peut être un frein, reconnaît Ahmed Baati, car en Tunisie, les responsables veulent 100% du capital de leur société mais c’est un bon frein car il permet de changer les mentalités, de casser les ego ».

Emna Ghariani justifie ce mode de financement par l’ADN de FI qui est d’accompagner jusqu’au bout les créateurs : « Avec ce financement, tout le monde a intérêt à ce que vous réussissiez ». Les candidats qui ont abandonné peuvent ainsi reprendre le programme à tout moment.

 

 
Mathieu Galtier/ jeuneafrique



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