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Comment endiguer la dette publique tunisienne ?


Rédigé le 15 Juillet 2016 à 13:11 | 0 commentaire(s) modifié le 16 Juillet 2016 - 14:12


Ecofinance.sn (DAKAR) - Pour nombre d'observateurs, c'est avant tout une question politique. Pour se libérer de ses créanciers, l'État doit relâcher sa tutelle sur l'économie. Comprendre : privatiser.


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C’est dans une conjoncture politique et économique extrêmement difficile que la Tunisie prépare l’émission sur les marchés financiers internationaux d’un emprunt obligataire de 500 millions de dollars (environ 450 millions d’euros) garanti par les États-Unis.

L’opération, annoncée début juin par Slim Chaker, ministre des Finances, devrait servir à financer le budget de l’État et à soutenir les investissements nécessaires à la relance de l’économie. Des arguments récurrents avancés à chaque emprunt par les gouvernements successifs depuis 2011 mais qui, en l’absence de croissance et de réalisations concrètes, révèlent la panne économique du pays.

Cote d’alerte

Un temps soutenable, la dette publique tunisienne a atteint une cote d’alerte. Elle culmine désormais à 50 milliards de dinars (environ 20 milliards d’euros), alors même que l’État peine à générer des revenus et devra débourser 6 milliards de dinars cette année et 7 milliards en 2017 au titre du service de cette dette.

Une situation que les économistes nuancent toutefois. « Ce n’est pas le taux de la dette [estimé à 52,7 % du PIB en 2015 par la BAD] mais sa nature » qui inquiète Hakim Ben Hammouda, ancien ministre des Finances et initiateur du think tank Ifriqiya pour le dialogue économique (IDE).

Il précise que, jusqu’en 2010, la Tunisie avait un schéma de financement de pays émergent avec une dette contractée à 60 % en local et à 30 % en externe, répartis entre marché international, relations bilatérales et institutions multilatérales. Mais, aujourd’hui, cet équilibre a été rompu, et la tendance s’est inversée avec 50 % contractés auprès de ces institutions, essentiellement le FMI.

Pendant ce temps, le budget de l’État est passé en cinq ans de 18 à 29 milliards de dinars, dont 13 milliards de masse salariale contre 6,5 milliards en 2010. En cause, entre autres, un recrutement massif dans la fonction publique pour répondre aux revendications sociales.

Mais alors que les dépenses sociales augmentent, la collecte fiscale est laborieuse, le secteur du tourisme et l’industrie du phosphate s’écroulent, ce à quoi s’ajoute une décote du dinar, une inflation difficilement maîtrisée, une croissance anémique et l’incapacité de l’État à développer de nouvelles ressources pour générer de la trésorerie.


« Certes, ce sont là les conséquences de décisions prises il y a cinq ans. Mais, aujourd’hui, on a le choix entre subir ou discuter avec les partenaires sociaux pour mettre le holà aux surenchères et aborder des questions taboues comme les privatisations. Le tout est une question de volonté politique », assène Fadhel Abdelkefi, directeur général de Tunisie Valeurs.

Selon Mehdi Sethom, cofondateur de la société de conseil Mediterranean Corporate Finance, il faudrait que l’économie s’émancipe de la tutelle de l’État et qu’on lui apporte une dynamique grâce au capital-investissement. Il suggère également de drainer l’épargne en autorisant les organismes de microcrédit à en faire la collecte.

Chefs d’entreprise et experts économistes sont unanimes : l’État doit vendre des actifs, d’autant qu’il apporte une garantie de 1 milliard de dinars sur la dette des entreprises publiques. En 2000 par exemple, la privatisation de Tunisie Télécom lui avait permis d’abaisser sa dette, qui atteignait alors 65 % du PIB. En clair, des mesures drastiques et sans doute impopulaires devraient être prises.


Certains suggèrent la création d’une agence de gestion de la dette et l’adoption d’une attitude volontariste, notamment en ce qui concerne les lois. Ils rappellent que la loi partenariat public-privé (PPP) attend toujours son décret d’application et que le code des investissements n’a pas encore été adopté.

Par ailleurs, la corruption et l’économie parallèle, qui représentent plus de 50 % du PIB, sont également dénoncées comme des ennemies de la relance. « Arrêter des barons de l’informel mettrait un frein à ces pratiques », soufflent certains.
Frida Dahmani/ jeuneafrique



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