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Sécurité alimentaire : le Parlement européen critique la Nouvelle Alliance


Rédigé le 10 Juin 2016 à 16:39 | 0 commentaire(s) modifié le 12 Juin 2016 - 20:17


Ecofinance.sn ( Dakar) - L'institution européenne dénonce, dans un rapport adopté le 7 juin, les travers du programme du G8 en faveur de la sécurité alimentaire en Afrique.


Sécurité alimentaire : le Parlement européen critique la Nouvelle Alliance

« Le soutien aux exploitations familiales et aux petits producteurs est le meilleur moyen de combattre la faim dans de nombreuses régions d'Afrique. Cependant, la maigre aide au développement de l'Union européenne va à la Nouvelle Alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition (Nasan), laquelle sape la production alimentaire durable, locale et à taille humaine. De récentes études ont révélé des cas d'accaparement de terres par des compagnies privées, cofinancées indirectement par l'UE. Si la Nouvelle alliance ne remédie pas aux problèmes graves que nous observons, l'UE devra retirer son soutien à cette initiative », a averti la rapporteur allemande Maria Heubuch (Verts).

La Nasan en bref

Lancée en 2012, la Nasan vise à améliorer la sécurité alimentaire en Afrique subsaharienne et à sortir 50 millions de personnes de la pauvreté d'ici à 2020 en misant sur les investissements de grandes sociétés privées et sur l'agriculture intensive. Au total, neuf milliards d'euros d'investissements sont attendus, répartis à moitié entre les États membres du G8 et les entreprises. En retour, les États africains sont tenus de modifier leur législation sur les terres, les semences et les investissements étrangers. Outre le G8, la Nasan regroupe l'Union africaine, le Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique (Nepad), les gouvernements de 10 pays africains * et plus de 200 entreprises.

De sérieuses mises en garde

Accaparement de terres, non-respect des droits humains et fonciers, risques de dépendance à l'égard des semences certifiées (OGM et hybrides) et des produits phytosanitaires fabriqués par des sociétés étrangères, diminution de la biodiversité, abus de position dominante de grandes sociétés : nombreuses sont les critiques et mises en garde formulées par les eurodéputés dans le rapport adopté ce 7 juin à une large majorité par l'institution européenne. Les parlementaires européens ont mis en garde contre « le risque qu'il y aurait à reproduire en Afrique le modèle asiatique de révolution verte des années 60 en ignorant les répercussions sociales et environnementales ». Ils ont par ailleurs appelé à un arrêt du soutien aux OGM dans le cadre des partenariats public-privé.

 

 

Horizontal ©  AFP/Issouf Sanogo
Un enfant à côté d'une marchande de poissons dans le marché d'Abobo, à Abidjan. © AFP/Issouf Sanogo

 

 

Le Parlement rejoint l'opinion de la société civile

« L'adoption de ce rapport par le Parlement est une très bonne nouvelle, car c'est la première fois qu'un organe institutionnel vient acter ce que des centaines d'organisations de la société civile pointent du doigt depuis quatre ans. On espère aujourd'hui que les États membres du G7 comme l'Union européenne et la France vont réellement s'attaquer aux déficiences mises à l'index par les parlementaires européens. Ou alors prendre acte que cette Nouvelle Alliance n'est pas réformable et décider de quitter l'initiative », indique Maureen Jorand, chargée de mission plaidoyer souveraineté alimentaire CCFD-Terre solidaire.

Le rôle important de la France

La France est le troisième contributeur de l'initiative en termes d'engagements publics, à hauteur de 700 millions d'euros. Elle coordonne par ailleurs le programme de l'Alliance au Burkina Faso. « La France est un acteur-clé. Dès le début, elle a fait savoir qu'elle était en désaccord avec une partie des orientations, notamment sur le focus donné aux multinationales de l'agroalimentaire, sur les lacunes en termes de transparence et de gouvernance et sur les risques fonciers que pouvaient faire courir certains investissements. En 2012, elle a annoncé vouloir mettre en place une stratégie d'influence à l'intérieur de la Nouvelle Alliance pour la réorienter. Mais force est de constater que c'est un échec », relève Maureen Jorand. Les ONG pointent l'opacité des investissements réalisés par les entreprises privées et le travail de lobbying pour affaiblir les cadres réglementaires, les législations fiscales et foncières. Elles appellent aujourd'hui à une évaluation globale et indépendante de cette initiative.

 

* Les dix pays africains membres de la Nasan sont le Nigeria, le Ghana, le Bénin, le Burkina Faso, le Sénégal, la Côte d'Ivoire, l'Éthiopie, le Malawi, le Mozambique et la Tanzanie.

Christelle Marot/ Lepointafrique



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