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projet gazier sénégalo-mauritanien : un déficit communicationnel vivement décrié par les acteurs


Rédigé le 9 Août 2023 à 13:17 | 0 commentaire(s) modifié le 11 Août 2023 - 13:03

Massamba Ndakhté Gaye
Ndakhté M. GAYE est un journaliste d'investigation engagé dans le suivi citoyen des obligations... En savoir plus sur cet auteur

(Equonet-Dakar) – A Saint-Louis du Sénégal, les entreprises privées et publiques, les autorités territoriales, la société civile sont unanimes à déplorer le manque d’information et de communication sur le projet gazier sénégalais-mauritanien dont la production est imminente.


Le Secrétariat technique du Comité national de suivi du contenu local (ST-CNSCL), une entité du ministère sénégalais du Pétrole et des Energies, et l’opérateur British petroleum (BP, compagnie qui exploite le gaz) sur la frontière sénégalo-mauritanienne doivent redoubler d’efforts dans le domaine de l’information, de communication et de sensibilisation (ICS). Car, il en manque beaucoup auprès des acteurs sensés bénéficier des retombées économiques de l’exploitation imminente du pétrole et du gaz dans ces localités.

Interrogés dans le cadre d’une étude sur l’approvisionnement local, les acteurs, aussi bien le commandement territorial (gouvernance et préfecture) et autres structures publiques que le secteur privé local (Chambre de commerce et d’industrie de Saint-Louis et Chambre des métiers qui regroupe les soudeurs, électriciens, plombiers, etc, pouvant gagner des parts de marché) ont tous déploré ce déficit communicationnel.

Moussa Cissé, secrétaire général de la Chambre des métiers de Saint-Louis, lui-même ignore le CL, ses opportunités et la loi qui l’encadre. Il pense simplement que l’exploitation des hydrocarbures est aubaine pour les générations actuelles et futures, mais soutient n’avoir pas d’information sur les opportunités d’affaires qui peuvent s’offrir à leurs affiliés.

« Nous ne sommes pas impliqués, ni informés sur les avantages de l’exploitation du gaz. Nous ne savons pas quels sont les types de métier, les profils et les compétences demandés par l’opérateur et dans quel intervalle de temps nous pouvons s’attendre à des retombées de l’exploitation du gaz », a-t-il affirmé.  

La solution à ce problème de communication est à portée de main puisque, selon Mayoro Fall, administrateur de Sénégal services Saint-Louis, une administration de proximité qui fait la promotion de l’emploi et l’entrepreneuriat, sa structure offre un relais dans la sensibilisation, la communication et l’éveil des consciences.

A l’en croire, Sénégal services avait même un contrat avec bp pour faire ce travail de sensibilisation mais non exécuté pour cause de non-respect des engagements par bp. Pour lui, il y a beaucoup d’effervescences autour de ce projet gazier, mais les gens ne savent pas comment faire pour travailler dans la plateforme parce qu’ils ne sont pas préparés. Et c’est là où M. Fall interpelle bp. « L’environnement du travail doit se préparer. Que fait bp pour aider les entreprises et les acteurs à préparer ? », s’interroge-t-il ? 

Ils sont confortés dans leur thèse par Awa Guèye Diack et Fatou Séar Sow, respectivement secrétaire générale et responsable de l’assistance aux entreprises de la Chambre de commerce, d’agriculture et d’industrie de Saint-Louis. Elles soutiennent que la chambre consulaire n’est pas impliquée et ignorent également la consistance du CL, les opportunités qu’il offre aux entreprises et son cadre légal.

Elles déplorent aussi le non-respect par bp du contrat qui le lie avec la Chambre consulaire et son manque de réaction malgré les multiples relances.

Du côté du préfet, c’est le concept de CL qui lui pose problème. « Le conseil de CL est vague. Il mérite d’être clarifier », a-t-il dit. Le préfet a aussi soulevé les problèmes de capacité financière, le caractère informel de certaines entreprises privées, le manque de matériel et l’exigence de la langue française qui, à son avis, est un facteur de blocage. « Dans la plateforme, il a été exclu le meilleur plongeur parce qu’il ne parle pas la langue anglaise », a-t-il fait savoir.

En outre, il a insisté sur la nécessité pour le ST-CNSCL de faire la typologie et la cartographie des entreprises en lien avec l’offre et la demande.

Pour sa part, le gouverneur de la région de Saint-Louis, Alioune Badara Niang, s’est montré très pragmatique. En tant que chef de l’exécutif régional où tous les dossiers administratifs sont censés passer par lui, il a immédiatement décidé de convoquer dans les meilleurs délais le comité restreint pour aller plus vite dans la collecte d’informations sur le CL.

Composé de cinq structures transversales que sont la planification, l’aménagement du territoire, l’Agence régionale de développement (ARD), les statistiques et l’appui au développement local, il est placé sous la coordination de son adjoint au développement, Mamour Diop, qu’il a appelé à son bureau pour participer à l’entretien.

Constatant de visu les potentialités d’emplois dans les métiers de l’entretien et du nettoiement des bâtiments, de la restauration, des loisirs, etc qui existent dans la plateforme qu’il déclare avoir récemment visité avec ses collaborateurs, le gouverneur de Ndar a vite compris l’urgence de bien informer et sensibiliser les populations sur ces nombreuse opportunités qui s’offrent à elles et la nécessité d’acquérir des compétences et des qualifications pour les saisir et éviter que les étrangers raflent tous les marchés.

C’est dire que les enjeux sont énormes et il y a nécessité pour les saint-louisiens de s’approprier de la loi sur le CL, de la comprendre, d’aller vers l’information, de se former ou de renforcer leur capacité, de se regrouper, bref de bien se préparer pour aller en compétition.    

En résumé, le défaut de communication, le manque de fonds et l’ignorance du CL et le cadre légal qui le régit sont observés par tous les autres acteurs, notamment ceux de la pêche et de la fourniture scolaire et de matériel de bureau.
 
 



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