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Les 5 défis économiques qui attendent le nouveau gouvernement tunisien


Rédigé le 24 Août 2016 à 10:51 | 0 commentaire(s) modifié le 26 Août 2016 - 13:36


Ecofinance.sn ( Dakar) -Youssef Chahed et son équipe ministérielle ne bénéficieront d'aucun jour de grâce tant les dossiers urgents se bousculent. Revue de détail.


Les 5 défis économiques qui attendent le nouveau gouvernement tunisien
Le futur chef du gouvernement Youssef Chahed promet « de l'efficacité » aux Tunisiens. S'il obtient le vote de confiance de l'ARP, vendredi 26 août, l'homme et son équipe devront aller très vite pour prouver à la population qu'ils agissent. À une encablure de la rentrée scolaire et de l'Aïd, les Tunisiens ne cachent pas leur mécontentement. Le chômage a encore progressé au deuxième trimestre (15,6 % de la population), le coût de la vie étrangle bon nombre de familles et les perspectives de développement sont minimes. Le mot « espoir » n'est guère utilisé ces temps-ci en Tunisie.
Dévaluation

La monnaie nationale ne cesse de se déprécier face à l'euro et au dollar. Le taux de change entre l'euro et le dinar s'élève à 1 pour 2,45. La question de la dévaluation se pose. À la Banque centrale, on explique que c'est un choix qui relève du politique. Ce n'est pas de son ressort. À la présidence de la République, on n'y semblait guère favorable jugeant que « le dinar est déjà suffisamment dévalué ». Pour certaines entreprises, cette glissade a des conséquences comptables. Des produits importés payables à deux ou trois mois transforment la facture en un cauchemar de trésorerie. La quasi-absence de touristes européens ou nord-américains cet été ne permet pas de renflouer le stock de devises qui compte néanmoins plus de 110 jours d'avance. La nouvelle ministre des Finances, Lamia Zribi, trouvera ce dossier bien en évidence sur son nouveau bureau.

Conférence pour l'investissement

Yassine Brahim, l'homme-orchestre de cet événement annoncé depuis les élections de 2014, a préféré s'occuper de son parti, Afek Tounes (huit députés). Une façon élégante de claquer la porte d'une aventure gouvernementale qui ne le convainc pas lui et son parti. Afek qui est la 5e force politique à l'ARP devrait choisir de n'avoir aucun poste ministériel. L'une de ses figures Rim Majhoub avait indiqué lors des tractations ne pas vouloir faire partie de l'équipe Chahed. Fadhel Abdelkéfi le remplace au ministère du Développement, de l'Investissement et de la Coopération internationale. Deux gros dossiers à l'étude à l'ARP l'attendent : le futur Code des investissements et le plan de développement. Fin novembre, ce sera le grand raout international durant lequel de nombreux représentants de pays étrangers se presseront à Tunis pour étudier le plan quinquennal 2016-2020. À cet expert de transformer une réunion diplomatique de haut niveau en réussite économique. Le gouvernement espère plusieurs dizaines de milliards de dinars d'investissements dans de grands projets (infrastructures, centrale électrique, port…).

Lutte contre la corruption

C'est le mot le plus utilisé par les Tunisiens. La corruption. Elle sévit au quotidien – il n'est pas rare de devoir glisser un bakchich dans des papiers administratifs pour espérer une action rapide –, et provoque une concurrence déloyale dans le secteur privé. La plupart des études estiment que le secteur informel, la contrebande pour être trivial, représente désormais plus de 40 % de l'économie réelle. À la frontière avec la Libye, il est presque quotidien que l'armée intervienne contre des camions passant illégalement la ligne de démarcation. Certains contrebandiers n'hésitent plus à utiliser leurs armes. Mais le grand tabou de la lutte contre la corruption demeure. Les séquelles du régime Ben Ali, période durant laquelle des familles se sont enrichies au-delà de toute convenance, perdurent. Dans certaines régions, les stations-service mettent la clé sous la pompe, concurrencées par des vendeurs illégaux installés devant leur entreprise. Tous les secteurs sont touchés. Du tabac à l'alcool, du secteur de la santé en passant par les marchés publics, de l'essence aux cahiers scolaires. De nombreux spécialistes se sont alarmés d'une « roumanisation de la Tunisie ». La volonté politique sera-t-elle au rendez-vous ? Il faudra accepter de brusquer de puissants intérêts et de puissantes familles.

Remise en marche de l'administration

Ils sont plus de 650 000 fonctionnaires auxquels s'ajoutent les employés des entreprises étatiques. Total : 800 000 personnes, qui plombent le budget de l'État. Et représentent 13 % du PIB. Dans l'attente d'un nouveau chef du gouvernement, l'administration a adopté sa position habituelle : l'attentisme. La séance unique qui court du début du ramadan jusqu'à fin août, trois mois durant lesquels les guichets ouvrent la moitié de la journée, n'a pas amélioré le rendement. De très nombreux ministres se sont plaints d'une administration qui étrangle les initiatives. BCE expliquait qu'il y avait autant de fonctionnaires en Tunisie qu'en Allemagne malgré une population sept fois inférieure. À chaque ministre de savoir motiver sa propre administration. Pas simple.
Le cancer du chômage

La maladie n'est pas spécifique à la Tunisie. Mais elle ronge la stabilité de la société. Toutes les familles comptent un chômeur sinon plus. Au niveau national, le taux de chômage est de 15,6 %. Dans certaines régions défavorisées (centre, sud), il peut dépasser les 35 %. Et l'État ne peut plus offrir de postes. Seul le secteur privé peut y pourvoir. Le nouveau Code des investissements dopera-t-il les investissements étrangers ? Pour l'heure, le Maroc fait figure d'aimant pour ces derniers. Des chefs d'entreprises européens ou asiatiques expliquent que la lenteur administrative et de nombreuses barrières (impossibilité d'acheter des terrains) leur font pour l'instant rebrousser chemin.

Le blues du phosphate

Longtemps, la Tunisie a tiré profit de cette matière première. Mais les grèves à répétition, les conflits locaux et l'absence de transparence sur le dossier des recrutements à la CPG ont bloqué la production. Les pertes se chiffrent en plusieurs milliards, 4,5 selon certaines sources. La Tunisie perd des parts de marché à l'international et l'État des rentrées qui seraient les bienvenues en ces temps de disette budgétaire. « On ne va tout de même pas faire appel à l'ONU pour régler ce problème », ironisait un haut dirigeant du pays. Depuis plusieurs années, les mêmes suppliques résonnent. Chahed pourra-t-il déminer la situation ?
Le Point Afrique



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