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Pour des politiques d’adaptation des travailleurs aux emplois créés par l’internet.


Rédigé le 7 Mars 2017 à 12:06 | 0 commentaire(s) modifié le 8 Mars 2017 - 12:18


Des travailleurs en casque de standardiste avec kit mains libres et ordinateur connecté à Internet.


(Ecofinance.sn – Dakar) - Si les pays de l’Union européenne (Ue) veulent éviter d’accroître les inégalités et l’exclusion, ils doivent se doter de politiques qui faciliteront l’adaptation des travailleurs aux emplois créés par l’internet. C’est le constat d’un nouveau rapport de la Banque mondiale (Bm), intitulé Reaping Digital Dividends: Leveraging the Internet for Development in Europe and Central Asia.

Selon ce rapport, présenté aujourd’hui à Bucarest (Roumanie), l’accès financièrement abordable et quasi universel à I’internet n’est pas suffisant pour que les pays de l’Ue exploitent pleinement les opportunités offertes par les technologies numériques. Il faut également s’attacher à instaurer un cadre d’action publique qui permettra de valoriser cet accès en favorisant l’insertion des travailleurs dans l’économie numérique.

«Il est clair que l’accès à l’internet ne s’accompagne pas automatiquement, à lui seul, d’avancées sur le plan économique, explique Hans Timmer, économiste en chef de la Bm pour la région Europe et Asie centrale. Étant donné leur niveau de développement technologique, les pays d’Europe pourraient mieux faire dans le domaine du commerce électronique, et les Google et autres Facebook tardent à émerger dans cette région».

La faible utilisation des systèmes de paiement en ligne et une réglementation stricte sont deux des facteurs complémentaires qui font obstacle à la croissance de l’économie numérique dans l’Ue, note le rapport. Ainsi, dans plusieurs pays de l’Ue, les dispositifs de retraite anticipée et le manque d’offres de formation tout au long de la vie limitent l’accès des seniors à des emplois liés au numérique.

En outre, au sein de l’Ue, moins de 30 pour cent des entreprises recourent au cloud computing (hébergement des données informatiques sur des serveurs distants), et cette proportion est encore plus faible lorsqu’il s’agit d’utilisations sophistiquées, autres que le courrier électronique : des tâches managériales ou comptables par exemple.

«La Roumanie est bien positionnée pour saisir les opportunités du numérique. Nous disposons d’un accès à haut débit pour un coût abordable, ainsi que d’une infrastructure de qualité, dans tout le pays. Nous entendons mettre ces opportunités en relation avec les compétences de la main-d’œuvre roumaine, grâce à des politiques ciblées et durables. Et c’est précisément notre ambition dans la phase suivante de notre programme en faveur de la convergence numérique », explique Augustin Jianu, ministre roumain de la Communication et de la Société de l’information.

En Roumanie, moins de 10 pour cent des entreprises font usage du cloud computing et, dans le secteur des services, d’importants freins à l’entrepreneuriat entravent l’adoption des nouvelles technologies. De plus, 5 pour cent seulement des particuliers se servent de l’internet pour télécharger des documents officiels disponibles sur des sites web publics. Une plus grande pénétration de la technologie se traduirait donc par des gains d’efficience considérables.

La population peut aussi bénéficier d’une utilisation accrue de l’internet. Aujourd’hui, les chômeurs roumains ne sont que 20 pour cent à rechercher un emploi via cet outil. Et parmi les personnes qui ont actuellement un emploi, quasiment aucune ne pratique le télétravail, contre plus de 10 pour cent en Europe du Nord et de l’Ouest.

Les inégalités risquent de se creuser encore

Le rapport de la Bm indique également que les inégalités risquent de se creuser encore dans l’Ue, car les travailleurs sans qualifications sont moins susceptibles de recourir à l’internet pour trouver un emploi ou pour participer à des réseaux professionnels.

«Même si l’internet génère des opportunités nouvelles et sans précédent, il peut aussi aggraver l’exclusion, surtout dans le cas des travailleurs non qualifiés, souligne Hernan Winkler, économiste au sein de la région Europe et Asie centrale de la Bm et auteur principal du rapport. Il faut mettre en place des politiques pour aider les individus à s’adapter aux nouveaux défis.»

«Il peut être plus efficace de se concentrer sur des mesures qui étofferont la couverture santé et la retraite des travailleurs indépendants de la gig economy”, ou qui faciliteront la transition des travailleurs déplacés vers de nouveaux emplois, que d’élaborer une réglementation destinée à empêcher des évolutions technologiques inéluctables.»

Selon les auteurs de la publication, des politiques visant à simplifier le paiement des impôts et des cotisations sociales dans l’économie du partage pourraient permettre aux travailleurs de quitter l’économie parallèle et d’obtenir une certaine protection de leur emploi. Par ailleurs, l’amélioration des conditions de concurrence devrait encourager l’introduction des technologies de l’information et de la communication dans les entreprises de l’Ue, tout particulièrement en Europe du Sud, une région où la concurrence est encore insuffisante.

Le développement de l’économie du partage et des nouvelles formes d’emploi remet en cause une réglementation du marché du travail et un contrat social initialement pensés pour protéger des travailleurs occupant un emploi salarié à vie. Une occasion unique s’offre à l’Ue de mener les efforts nécessaires à une transformation de l’économie numérique pour qu’elle soit garante d’emplois plus inclusifs et plus productifs.
 
Yaye Rokhaya NDIAYE



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