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De la nomination de Boubacar Camara directeur général adjoint des douanes du Bénin : pour une Afrique décomplexée, unie et plurielle


Rédigé le 3 Novembre 2021 à 12:36 | 0 commentaire(s) modifié le 4 Novembre 2021 - 10:59


(Equonet-Dakar) - Le président béninois Patrice TALON a donné ainsi une formidable leçon d’africanité à ses concitoyens et à ses pairs des autres états africains.


La récente nomination de notre compatriote Boubacar CAMARA comme DGA (Directeur Général Adjoint ) des Douanes de la République sœur du BENIN  a suscité des réactions multiformes allant de la désapprobation pour les uns à la fierté pour les autres en passant par la dénonciation, la condamnation, la satisfaction et l’espoir pour certains.

Cela peut se comprendre car s’il y’a une chose sur laquelle les africains sont toujours d’accord, « c’est de ne pas être d’accord entre eux » pour paraphraser ce qui se dit sur les arabes.

En effet, en décidant de nommer un sénégalais bon teint au sein de la haute administration béninoise, le Président béninois Patrice TALON a donné une formidable leçon d’africanité à ses concitoyens et à ses pairs des autres états africains. Pour booster son secteur des douanes Monsieur le Président n’a pas hésité à faire appel à Monsieur CAMARA du Sénégal pour son expertise avérée dans ce domaine sans tenir compte de sa nationalité. Qu’est-ce à dire ? Tout simplement que le Président béninois a bien appris l’histoire de l’Afrique notamment celle de l’Afrique francophone celle de l’ex-AOF (Afrique Occidentale Française ) qui regroupait tous les pays de l’ouest et celle de l’AEF (Afrique Equatoriale Française) qui regroupait les pays francophones de l’Afrique du centre.

Eh Oui, on a tendance à l’oublier mais en ces temps (bénis ?), ces territoires africains sous le giron français étaient considérés comme un SEUL pays et la France tutélaire y affectait indifféremment les fonctionnaires sans tenir aucunement compte de leur pays d’origine. C’est ainsi qu’on retrouvait des fonctionnaires sénégalais au Soudan (Mali actuel),  en Côte d’Ivoire, en Haute Volta (actuel Burkina Faso) etc… Et inversement on retrouvait d’autres nationalités dans chacun des autres pays membres de cette entité sous tutelle française. Les mêmes pratiques d’affectation impersonnelles étaient de mise en AEF.

Parce que tout simplement la France avait compris que tous ces pays-là forment une seule et même entité l’Afrique et que donc, pour les gérer, il était plus logique d’y affecter indifféremment les fonctionnaires les plus performants sans tenir compte de leur pays d’origine. C’est ainsi qu’on a vu entre autres cadres de très haut niveau,  un Issa DIOP sénégalais de souche, devenir Ministre au Niger, un Mbaye devenir ministre en Centrafrique, des Thiam et Ndiaye sénégalais devenir citoyens et ministres ivoiriens, des BEYE itou au Mali etc.. pour y avoir pris racine au hasard des affectations coloniales des aïeux. Ces brassages professionnels ont donné lieu à des brassages biologiques et sociaux intégrant des peuples qu’on voudrait différents alors qu’ils étaient frères. Feu, Le président Houphouët BOIGNY de Côte d’Ivoire l’avait tellement bien compris qu’à l’aube de l’indépendance de son pays, il n’avait  pas hésité un seul instant à faire appel à des sénégalais, maliens,  voltaïques ou burkinabés, guinéens etc.. pour poser les premiers jalons de l’organisation et du développement de la toute nouvelle République de Côte d’Ivoire. Cette attitude d’ouverture, de tolérance, d’acceptation de l’autre devrait être le credo de toute l’Afrique pour qu’ensemble nous puissions vivre en frères sans suspicions, ni exclusion, ni sectarisme.

C’est pourquoi, l’acte du Président béninois est à saluer à sa juste mesure. Car, il remet au goût du jour, une pratique qui n’aurait jamais dû être abandonnée par nos pays pour faciliter l’intégration harmonieuse de nos peuples divisés pour des broutilles. Il est vrai que le colon français, après avoir bien utilisé cette pratique d’affectations indifféremment des origines a par la suite, compris tout le danger pour elle LA FRANCE, de se retrouver devant des pays indépendants et solidaires parce que composés de peuples d’origine diverse mais bien brassés entre eux et a donc fortement contribué à cultiver le particularisme entre les pays pour les opposer et mieux les exploiter. En somme en flattant leur nationalisme naissant pour les différencier les uns, les autres, la France a réussi à les « diviser pour mieux régner » afin de toujours mieux les exploiter. C’est cet héritage français issu de la fin de la colonisation qui a créé des pays africains antagonistes alors que TOUT les lie. Ainsi, jusqu’à ce jour, il devient très difficile pour un ressortissant d’un pays différent de devenir citoyen à part entière dans un autre pays d’accueil, y fut-il de naissance. Les autochtones, lui feront toujours l’injure de lui rappeler son origine différente fut-elle très ancienne. Si, en Europe et plus précisément en France, il n’arrivera à personne de seulement douter de la francité d’une Eva JOLY danoise de souche devenue très haute magistrate de France ou d’un Sarkozy hongrois d’origine, devenu Président de la République ou d’un Poniatowsky (polonais) devenu Ministre de la République ou d’un Manuel WALS (espagnol) devenu Premier Ministre de France et tant d’autres qu’il serait fastidieux de citer ici qui auront réussi à se fondre TOTALEMENT dans la France de leur vie jusqu’à y exercer de très hautes fonctions dans pratiquement tous les domaines de la vie économique, sociale , politique ,religieuse et académique ; tel n’est pas encore le cas en Afrique où le patronyme devient une arme de déviance et de stigmatisation sélective.

Ainsi dans un même pays, on trouve encore des pratiques d’exclusion basées sur l’origine ou le patronyme pour douter de la nationalité d’un citoyen.

Quand la haine commande, le ridicule non seulement ne tue plus mais devient effroyable et effrayant. Sinon comment qualifier des propos du genre : Wattara n’est pas ivoirien, ou Bazoum n’est pas nigérien entre autres? De la bêtise crasse tout simplement.

Dans beaucoup de nos pays africains, il est fréquent de voir des groupes ethniques au patronyme particulier ou trop commun, sommés de prouver leur appartenance à la Nation en produisant un certificat de Nationalité. ABERRANT et INSULTANT et pourtant VRAI de VRAI .   Ces pratiques d’un autre âge précipitent toujours les pays africains dans des tragédies d’envergure où tout le monde devient perdant. On l’a vu avec le concept abject de « l’ivoirité » qui a mis à feu et à sang ce beau pays de la Côte d’Ivoire, à la suite du génocide rwandais de sinistre mémoire entre les Hutus et les Tutsi. Sans compter les fréquents heurts entre maliens, guinéens, sénégalais, mauritaniens etc.. et très souvent pour des motifs puérils : genre match de football ou autres accidents de la route ou de contrôles douaniers.
On ne verra jamais deux pays européens en venir aux mains pour des questions de sports ou autres futilités si prompts à mettre le feu aux poudres entre deux pays africains. C’est que le colon a vraiment réussi à nous faire se détester les uns, les autres au point qu’il nous est impossible d’admettre l’autre comme un frère à part entière. TRISTE.

Ces attitudes de sectarisme et d’exclusion de l’autre sont la véritable plaie des pays africains vers un développement partagé dans une intégration harmonieuse. Quand est-ce NOUS, africains commencerons à comprendre qu’aussi divers que nous paraissons, nous sommes TOUS des frères que les Blancs ont réussi à diviser pour nous faire accroire que nous sommes différents ? Pourtant, ils (les Blancs ) ne se privent pas de nous montrer qu’ils nous considèrent comme un SEUL pays. Les rencontres et sommets France-Afrique , Russie-Afrique, Chine – Afrique , Japon – Afrique sont assez illustratifs de cette (dé)considération. Aussi divers que nous sommes avec nos cinquante-quatre pays indépendants, pour le reste du monde, nous sommes l’AFRIQUE un seul et même pays. On ne verra jamais de rencontres France-Nigéria , Russie –Egypte, Chine- AfSud etc…JAMAIS. Cela est assez illustratif de la piètre estime  que nous porte le reste du monde. Il n’y a que Nous, Africains qui refusons de comprendre cela. Parce que tout simplement chacun de nos lilliputiens pays veut se croire DIFFERENT et surtout plus IMPORTANT que les autres.

Pour se développer, l’Afrique  a besoin de faire sauter les barrières du particularisme, de l’exclusion et de la rivalité ethnique, clanique et inter-étatique pour AVANCER vers  UNE AFRIQUE DECOMPLEXEE, UNIE ET PLURIELLE.

C’est pourquoi l’acte posé par le Président TALON avec la nomination de CAMARA comme DGA des Douanes du Bénin est un acte fort qui participe, s’il est bien compris par tout un chacun , à désenclaver les mentalités africaines restées figées sur des concepts surannés d’autochtones et d’allogènes qui ont fait et continuent à faire trop de mal en Afrique.

Tant que nous ne comprenons pas et n’acceptons pas que nous sommes TOUS ET CHACUN, AFRICAINS ET FRERES, nous ne sortirons pas de l’ornière du sous-développement et des conflits incessants qui gangrènent nos pays.

Et pour terminer, il faut déplorer et s’indigner du complexe du Blanc que trainent nombre d’africains. Surtout ceux qui glosent sur la nomination de CAMARA. En effet, ils sont nombreux, les africains qui accepteraient bien la nomination d’un expert blanc comme DGA plutôt qu’un africain quand bien même ce dernier aurait montré les preuves de ses compétences avérées. Dans son pays d’origine, Monsieur CAMARA aura glané tous les diplômes de haut niveau et occupé des postes très prestigieux. Dans le landerneau sénégalais et au regard de son formidable parcours professionnel, Monsieur CAMARA ne peut plus aspirer peut-être qu’aux fonctions de Président de la République ou subsidiairement de Ministre de la République qui sont les seules stations qui manquent encore à sa carrière exceptionnelle.
Comme cela n’est pas encore le cas, son expertise approfondie sera tout bénef pour les Douanes béninoises et le Président TALON ne s’y est pas trompé en le nommant DGA.
Plaise à DIEU que l’exemple du Président béninois fasse tache d’huile parmi ses pairs pour qu’un africain puisse sans acrimonie, ni crainte, ni haine, ni sectarisme, ni exclusion, apporter en toute loyauté son expertise avérée dans un domaine administratif, technique, militaire ou autre dans n’importe quel pays africain autre que le sien propre. Comme cela se fait en Europe et un peu partout dans le monde.
C’est l’étape qu’il nous faut franchir en Afrique pour AVANCER vers le développement dans la fraternité africaine retrouvée et restaurée.
 
DIEU GARDE L’AFRIQUE, NOUS GARDE ET GARDE LE SENEGAL.
 
Dakar le  03/11/2021
 
Guimba  KONATE
DAKAR
guimba.konate@gmail.com
Equonet




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